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Histoire des Juifs d'Afrique du Nord
Voici les différentes étapes historiques du parcours de mes ancêtres, telles que je les conçois dans l'état actuel de mes recherches personnelles. Vous pouvez cliquer sur un paragraphe particulier pour sauter au texte correspondant.
- Carthage
- Rome
- Vandales
- Vichy
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CONTEXTE BIBLIQUE (1250-1000 avant JC)
Les tribus d’Israël ont pénétré en Terre Promise, après 40 ans de pérégrinations dans le désert suite à la Sortie d’Égypte. A alors commencé la reconquête de Canaan vers 1250 avant JC sous l’impulsion du prophète Josué. Après les premiers succès, il attribua à chacune des 12 tribus un territoire. Qu'a fait Josué? Le Deutéronome Rabba (texte compilé vers l'an 900, selon une tradition orale ancienne), paragraphe V:14, explique: Il a fait paraître un édit partout où il commençait sa conquête dans lequel il était écrit, "Qui veut partir, nous le laisserons partir, et Qui désire la paix, nous lui ferons la paix, et Qui désire la guerre, nous lui ferons la guerre". Qu’a fait le Ghirgachéen ? Il est parti de devant eux. Et Dieu lui a donné un autre pays, aussi beau que le sien, à savoir Ifriqiya (l’Afrique du Nord). Ceci est repris dans le Lévitique Rabba XVII:6 (texte plus ancien car compilé vers 400-500). Donc selon ces textes, seul le peuple cananéen des Guirgachéens aurait préféré émigrer. Il aurait donné racine au peuple berbère que l'on trouve en Afrique du Nord, qui est différent (génétiquement, ils appartiennent plutôt à l'haplogroupe E) et des Arabes conquérants du 7è siècle et des Juifs arrivés après eux (haplogroupe Q notamment, comme les Benhamou). Ce détail a été exprimé la première fois dans le Talmud, traité Sanhédrin, page 94a: Et où les a-t'il expulsés? Mar Zoutra a dit: en Afrique.
Ainsi l'outil génétique a permis de répondre à la question que l'on se posait depuis le 19ème siècle: les Juifs "berbérisés" d'Afrique du Nord sont-ils issus de Berbères qui se seraient judaïsés ou ont-ils une souche juive ancestrale? Or on voit à présent que Berbères et Juifs, bien qu'ils aient des modes de vie semblables, ont des généalogies différentes. La question est désormais résolue: dans sa grande majorité (car des exceptions existent toujours), les Juifs d'Afrique du Nord d'origine autochtone (de moeurs berbères ou arabes) sont bien d'origine juive, remontant à l'époque biblique lorsque le brassage de peuples n'avaient pas encore été prépondérant.
Après la conquête de Canaan, il y a eu la période des Juges (relatée dans les livres bibliques Josué, Juges, Samuel). Et après elle, à partir de 1000 avant JC environ, il y a eu la période de la Monarchie Unifiée avec Saül (règne de 2 ans), David (règne de 33 ans sur tout Israël) et enfin son fils Salomon. Lors de son règne, vers 1000-950 avant JC, la paix régnait dans le monde antique et le commerce florissait. Les Phéniciens (le Liban actuel) étaient de bons voisins qui étaient passés maîtres depuis l’an 1000 avant JC environ dans le commerce maritime. Leurs navires ont emporté des voyageurs de commerce, notamment des Juifs, leurs voisins directs, qui se sont installés dans les comptoirs phéniciens. La Bible mentionne d'ailleurs ce point: le roi Salomon était allié avec le roi Hiram de Tyr (phénicien), qui était d'ailleurs juif par sa mère de la tribu de Naphatli (I Rois 7:14). Et les deux rois faisaient commerce ensemble: Hiram s'occupait d'acheminer par voie de mer les serviteurs de Salomon qui allaient rechercher toutes sortes de denrées à partir des comptoirs maritimes phéniciens de la Méditerranée et aussi de la Mer Rouge, pour atteindre les côtes africaines. Le roi Salomon fit aussi construire une flotte à Ecion-Ghéber, qui est près d'Elot [la ville d'Eilat actuelle], au bord de la mer de Souf [la Mer Rouge], dans le pays d'Edom. Hiram envoya sur ces vaisseaux ses serviteurs, matelots experts dans la marine, pour aider les serviteurs de Salomon. (I Rois 9:26-27)
Et plus spécifiquement concernant l'Afrique du Nord, un texte souligne des mets rares qui se trouvaient à la table de Salomon: L'entretien de Salomon exigeait chaque jour: [...] volailles grasses (I Rois 5:3). Quelles étaient ces "volailles grasses"? Le texte en hébreu est énigmatique car il dit: barbourim aboussim (וּבַרְבֻּרִים אֲבוּסִים). Et, selon un commentaire de ce texte biblique: que sont-ils? Les Sages ont dit, une espèce de volailles de Barbarie. R. Berahiah a dit au nom de R. Judah: c'est une volaille rare et précieuse qui était fournie à sa table de façon journalière. D'où venait-elle? Elle venait tous les jours de Barbarie. (Kohélet Rabba 5:1). La Barbarie est la Berbérie romaine, à savoir le Maghreb. Bien entendu, à l'époque de Salomon, la contrée s'appelait l'Occident (donnant Maghreb) et non Berbérie. Ces textes sont importants car il prouve la présence israélite en Afrique du Nord déjà du temps de Salomon.
Donc, comme la génétique Benhamou montre qu'un ancêtre serait arrivé en Afrique du Nord il y a 3000 ans environ, cela ne fait guère de doute que ce fut dans le contexte de ce commerce maritime: les Phéniciens étaient le transport, et les Israélites étaient les colons et commerçants établis dans les comptoirs maritimes. Parmi les deux tribus israélites qui pourraient être "candidates" à la généalogie des Benhamou, je pense à celle de Naphtali, car la mère de Hiram était de cette tribu ce qui a dû tisser des liens avec les gens de Tyr. D'ailleurs l'aspect entrepreneur et aventurier de la tribu de Naphtali est reflétée dans la bénédiction que donna Jacob à leur ancêtre: Naphtali est une biche qui s’élance, et qui apporte d’heureux messages. (Genèse 49:21). L'autre possibilité de l'ancêtre Benhamou serait éventuellement à la tribu d'Asher, qui était localisé sur la côte méditerranéenne au sud de la Phénicie: il était connu dans les sources juives que la tribu Asher s'était enrichie du commerce maritime justement (son nom a d'ailleurs pour racine le mot hébreu ashir qui veut dire riche).
L'ancêtre des Benhamou se serait donc installé en Afrique du Nord à l'époque de la royauté de Salomon. Quel était le comptoir phénicien qui deviendra plus tard une grande cité? Carthage. Ses ruines sont situées près de Tunis. Pourquoi le choix de cette localisation? Car, comme on l'a vu, des Cananéens (Guirgachéens) étaient déjà installés en Afrique du Nord, mais vraisemblablement à l'est de la Tunisie actuelle, donc plutôt sur la côte lybienne. En s'installant à ce qui allait devenir Carthage, les marins phéniciens évitaient ainsi tout conflit. Et les commerçants israélites explorèrent alors toutes les contrées à "l'ouest" de Carthage, ce qui a donné naissance au nom Maghreb qui a d'ailleurs une origine ancienne, bien antérieure à la conquête arabe. En effet, Hérodote (vers 500 avant JC) avait nommé Maxues les peuples qui vivaient là à son époque et précisa qu’eux-mêmes se donnaient ce nom. Ce nom forme la racine d’un terme de langue berbère actuel: le mot Imazighen (le préfixe –i avec le suffixe -en désigne le pluriel dans cette langue). Puis les Grecs ont déformé ce mot Maxues en appelant ce peuple les Maurosioi. Ensuite les Romains ont copié les Grecs mais en simplifiant le nom en Mauri. Ces noms ont ensuite donné Maures et Maghreb. L’origine de ces mots provient de l'hébreu maarav qui veut dire ouest. Ce sont les Israélites qui ont peuplé en premier cette contrée à l’ouest de Carthage, c’est-à-dire le Maghreb actuel. Bien plus tard, le Maghreb a été appelé Djazirat-el-Maghreb, à savoir "l’île du Couchant" (car le soleil se couche à l'ouest).

CARTHAGE (1000-200 avant JC)
Pendant que les empires assyriens, babyloniens et macédoniens se sont succédé pour contrôler le monde antique du Croissant Fertile, la région d’Afrique de Nord continua à se développer et se peupler assez paisiblement. Le comptoir phénicien, originellement fondé vers 1000 avant JC, fut nommé Carthage vers 800 avant JC, lorsque phéniciens et israélites vinrent y trouver refuge lors des invasions assyriennes notamment. Le nom Carthage provient du phénicien Qarat Hadash, similaire à l’hébreu Kiryat Hadash, qui veut dire Ville Nouvelle. Quand on parle de Carthage, on n'emploie plus le mot phénicien mais plutôt le mot punique, qui a été le dialecte de cette région et issu du phénicien. A l’est de Carthage, dans ce qui est à présent la Lybie, les peuples d’origine cananéenne y prospérèrent. Mais à l’ouest de Carthage, ce furent les israélites descendants des premiers colons du temps de Salomon et des réfugiés ayant fui les invasions de leur nation vers 800-700 avant JC.
Mais de l’autre côté de la mer, un autre état commençait à prendre de l’ampleur et visait la domination de ce côté-ci de la Méditerranée avant de s’en prendre à l’ensemble du monde antique : Rome. Après avoir détruit l’antique civilisation étrusque, avec laquelle Carthage avait maintenu de bons rapports, et avoir pris le contrôle de l’ensemble de la péninsule italienne, le Sénat romain décida de se tourner sur Carthage. Il s’agissait de prendre le contrôle maritime et bénéficier du commerce sur cette partie de la Méditerranée occidentale.
La guerre entre Rome et Carthage débuta en l’an 264 avant JC, sous le prétexte de posséder la Sicile. Cette guerre, que l’on appelle la première guerre punique, ne dura pas moins que 23 ans. Elle se solda par la défaite de Carthage en 241 avant JC qui dut alors payer un lourd tribut à Rome. Pour compenser ses pertes de ce côté-là de la mer, Carthage intensifia la colonisation de l’autre côté, à savoir la péninsule ibérique. Mais ceci porta de nouveau ombrage aux intérêts de Rome qui, cette fois, décidèrent que la seconde guerre punique devait se poursuivre jusqu’à la destruction de Carthage. Mais ils eurent maille à partir à cause du génie du général carthaginois Hannibal qui marcha contre Rome et traversa toute la péninsule italienne avec ses éléphants. Celui-ci est considéré comme un des plus grands stratèges militaires de tous les temps. Mais la seconde guerre punique, débutée en 218 avant JC et malgré les succès carthaginois initiaux, finit par tourner au bénéfice de Rome. Le sort de Carthage fut scellé par une trahison en 206 avant JC. En effet, un des princes de la région lybienne actuelle, donc berbère, Massinissa, changea d’alliance, et prit le parti de Rome en échange de futures concessions. C'est sa cavalerie berbère qui contribua grandement à la victoire du général romain, Scipion l’Africain, lors de la bataille finale de Zama en 202 avant JC. La belle Carthage fut détruite en 201 avant JC et ne pourra jamais renaître de ses cendres. Hannibal, quant à lui, après le traité de paix avec Rome, poursuivit une carrière politique dans sa contrée d’origine en Afrique du Nord, et devint shofet (c'est-à-dire juge, en punique et en hébreu). Mais gêné par son prestige, Rome l'exila à Tyr en 195 avant JC.
ROME (200 avant JC - 395)
Rome s’acquitta de sa dette envers Massinissa en l’élevant au titre de roi de Numidie, à la fois vassal et protégé de Rome. Il établit sa capitale dans une ville appelée Cirta, qui deviendra plus tard la ville de Constantine, du nom de l’empereur romain qui la fit reconstruire. La région était très riche et était connu comme le grenier de Rome car on y faisait pousser des céréales sur toutes les plaines côtières. L'arrière-pays, lui, montagneux, était resté incertain et les Romains ne s'y engageaient guère. Mais cette richesse finit par causer la convoitise de Rome contre ses vassaux locaux. L’empereur Caligula ordonna le meurtre de son vassal alors qu’il se trouvait en visite officielle à Rome en l’an 40. Cet assassinat déclencha une révolte berbère en Afrique du Nord que Rome mit 4 ans à mater, à la suite de quoi Rome décida d’annexer toute la contrée et d’y former deux provinces romaines à la place: Numidie et Mauritanie. Dès lors, tout est romain dans cette partie de l’Afrique méditerranéenne, depuis la Judée soumise jusqu’au-delà du détroit de Gibraltar vers le désert. Mais l’annexion de l’ancien royaume de Numidie, l’allié de longtemps, ne se traduisit pas par une occupation paisible car les Romains ne contrôlaient que la partie côtière et ne purent assujettir les régions montagneuses de l’Atlas, sachant ce qui pouvait leur en coûter. C’est dans ces régions montagneuses et escarpées que les tribus judéo-berbères, dont celle des Benhamou, avaient trouvé refuge contre l’envahisseur.
De l'autre côté de la Méditerranée, la Judée était déjà devenue province romaine en l'an 6, quelques années après la mort du roi Hérode le Grand, allié de Rome. Mais en l'an 66, la révolte éclate: Jérusalem et son temple sont détruits, et le dernier bastion de résistance juive contre Rome, le palais-forteresse de Massada, tombe en 73. Les Juifs sont expulsés de Judée (ils peuplent alors la Galilée et le Golan). Après la fin de la dynastie flavienne, qui avait imposé un lourd tribut aux Juifs (une taxe spéciale à leur encontre), un groupe de rabbins se rend à Rome auprès de l'empereur Nerva, plus favorable à un accommodement. Lors de leur voyage de retour, les rabbins font escale en Afrique du Nord romaine car il est écrit : Rabi Yehouda a dit au nom de Rab que, entre Tyr et Carthage, les nations reconnaissaient Israël et le Père qui est aux cieux, mais depuis Tyr vers l’ouest et depuis Carthage vers l’est, les nations ne reconnaissent ni Israël ni le Père qui est aux cieux. (Talmud, traité Ménachot 110a). Ce texte est trouble si on lit le nom Tsour (dans le texte du Talmud) en Tyr car il n’y a rien d’autre à l’ouest de Tyr que la mer ! De plus, les deux assertions se contredisent si on considère Tsour le port phénicien de Tyr car les deux régions décrites seraient la même: à l'ouest de Tyr et à l'est de Carthage. L’explication est autre: il y avait une colonie romaine du nom de Syrorum, qui s’était établie sur le lieu même de la colonie phénicienne de Syr, nommée ainsi d’après la ville de Tyr en Phénicie : une "Nouvelle Tyr" en quelque sorte comme il y a une Nouvelle Orléans, une Nouvelle York (New York), et Carthage (Ville Nouvelle). Le texte du Talmud a alors un sens car il précise que de Syr à Carthage, donc la région à l'ouest de Carthage (cad le Maghreb), la contrée était (au 1er siècle) peuplée de Juifs alors qu’à l’est de Carthage (la Lybie actuelle et l'Egypte), ce n’était pas le cas. Cette Tyr/Syr d’Afrique du Nord est la ville de Maghnia actuelle, située près en Algérie occidentale près de la frontière marocaine. Ce texte talmudique est très important à mes yeux car il prouve que les Juifs étaient installés dans cette partie du Maghreb bien avant la chute du Second Temple et l'exode causé par Rome.

LE CHRISTIANISME (395-630)
Après des débuts difficiles, la religion chrétienne commença à s’étendre à travers l’empire romain surtout grâce aux efforts de Paul de Tarse. Les persécutions n’étaient pas aussi fréquentes et constantes que l’Histoire l’a fait croire. Elles concernèrent quelques périodes pendant quelques empereurs. La religion fut autorisée par Constantin en 313 (édit de Milan), et adoptée comme religion d'état par Théodose en 395. Dès lors, la religion juive fut perçue comme la religion ennemie du Christianisme avec l'accusation de déicide: on ne pouvait plus officiellement accuser les Romains, rangés à la nouvelle foi, d'avoir été coupables de la crucifixion: il fallait un autre bouc émissaire !
En Afrique du Nord, les sectes chrétiennes firent leur apparition vers le 2è siècle mais se limitèrent aux villes romaines. Aucune armée ne s’aventurait dans l’arrière-pays qui est formé de massifs montagneux et de gorges, donc autant de pièges possibles pour quiconque voudrait y pénétrer. De fait, les tribus, autant juives que berbères, ne furent point menacées pendant l’occupation romaine des zones côtières. Certains offrirent même leurs services d'auxiliaires à cette armée, comme mercenaires. Cet état de choses perdura jusqu’à l’invasion islamique, après l’année 630.
A l'époque romaine, le village de Maghnia d'aujourd'hui s'appelait Syrorum (venant du nom d'un village phénicien Syr/Sour) et la future ville de Tlemcen s'appelait Pomaria (qui voulait dire: ville aux vergers). Il s’agissait plutôt de campements et de corps auxiliaires de l’armée romaine que de villages ou de villes. Les Berbères nommaient les Romains les Romi’en. Et quand le Christianisme était devenu officiel dans l'empire romain, le terme fut depuis utilisé par les judéo-berbères pour désigner tous les Chrétiens comme Romi’en. L'autre appellation courante étaient de les appeler les N’sara, d’après le nom antique de Nazoréens qu’ils s’étaient donné eux-mêmes en terre sainte avant que les Grecs ne les désignent comme Christos, d'où le terme de Chrétien.
LES VANDALES (429-533)
L’empire romain d’occident fut progressivement anéanti par les invasions barbares venues du centre de l’Europe. Un de ces peuples, les Vandales, était arrivé en Espagne. Cette contrée avait été préalablement romaine après la chute de Carthage, mais fut conquise par les Wisigoths et les Suèves. Les Vandales, sous le commandement de leur roi Genséric, traversèrent la péninsule ibérique et passèrent le détroit de Gibraltar en 429. Ils tombèrent alors sur l’Afrique du Nord encore romaine, et ce fut une succession de destructions, de pillages, de viols, et ainsi de suite. Les Vandales débarquèrent du côté d’Oran et se dirigèrent aussitôt vers l’Est, là où se trouvaient les grandes villes chrétiennes, dans la région de Carthage. Ce choix épargna pour un temps les tribus juives et berbères établies dans les montagnes de l’Atlas. Carthage et toute la région tomba aux mains des Vandales entre 430 et 440.
Les Vandales régnèrent sur l’Afrique du Nord pendant 100 ans environ. C’est à leur époque que le nomadisme berbère s’accrut, pour échapper aux massacres. L’usage du chameau, nouveau dans la région, permit à des familles de s’exiler dans le désert, là où les cavaliers vandales ne pouvaient les poursuivre à cheval. Procope, un historien byzantin, raconta qu’une tribu de ces nomades avait utilisé les chameaux contre les cavaliers vandales qui furent effrayés par cet animal inconnu. Or le chef de cette résistance réussie contre les Vandales était, selon Procope, un certain Gabaon... Un nom israélite par excellence !
Dans ces régions montagneuses et reculées aux portes du Sahara, les Vandales (comme les Romains avant eux) ne purent subjuguer les tribus nomades. Au fur et à mesure, les Berbères nomadisés subirent l’influence des Juifs nomadisés. Au point que de nombreux Berbères, initialement d’origine cananéenne et païenne, se judaïsèrent par ce contact culturel qui n’avait presque jamais eu lieu auparavant dans le Maghreb à l'ouest de Carthage. C'est pendant cette ère des Vandales que l’assimilation des Berbères aux Judaïsme fut la plus forte. Plus tard, ces mêmes tribus berbères judaïsées se convertiront à l'Islam.
Puis Genséric et ses Vandales traversèrent encore la Méditerranée et firent le sac de Rome en 455. Ils y pillèrent les trésors du Vatican et revinrent en Afrique du Nord. Selon une tradition, ils auraient ainsi emporté dans leur butin la grande Ménorah prise par Titus dans le Temple de Jérusalem en l'an 70 et qui se trouvait depuis parmi les trophées de Rome.

LES BYZANTINS (533-665)
Après la mort de Genséric, ses successeurs ne surent redonner à leur peuple la fougue du temps de leurs conquêtes. Les Vandales se ramollirent progressivement sous le doux climat de l’Afrique du Nord et leur règne se termina en 533 lors d'une expédition militaire chrétienne menée par le général byzantin Bélisaire. L’historien Procope, originaire de Césarée en Judée, participa à cette reconquête et a laissé son témoignage. Un des administrateurs ayant accompagné Bélisaire s’appelait Salomon, un Juif oriental : il fut placé en charge de la Lybie. Quant aux trésors du Temple de Jérusalem, Bélisaire les emporta de Carthage et les expédia à Byzance (Constantinople ou Istanbul d'aujourd'hui). Là, selon Procope, un autre Juif conseilla à l’empereur Justinien de ne pas les conserver auprès de lui comme trésors, autrement son empire subirait les mêmes malheurs qui étaient tombés sur les Romains et les Vandales qui s'en étaient précédemment emparés. L’empereur fit aussitôt renvoyer ces trésors en Judée, en l’an 533. Quel périple pour ces trésors du Temple : Jérusalem, Rome, Carthage, Byzance puis retour à Jérusalem après 544 ans ! Ils furent mis sous la garde de l’église de Jérusalem et on en perd ensuite la trace au moment de la campagne des Perses contre les Byzantins de Judée en 614 : a priori ils seraient encore enfouis quelque part sous Jérusalem. Justinien, un nom qui se traduit par Tzadik ou Sadoq en hébreu (c'est-à-dire le Juste), était originaire de Macédoine, une région où de nombreux Juifs s’étaient établis avant l’ère chrétienne, du temps de l’empire grec. Le père de Justinien s’appelait… Shabbat. Grâce à Justinien, le Christianisme fut rétabli en Afrique du Nord, du moins dans la partie "civilisée" à savoir la zone côtière et les métropoles. Le reste de la contrée montagneuse et sauvage, peuplée de tribus juives et berbères judaïsées, étaient laissé de côté par les nouveaux maîtres, comme par ceux qui les avaient précédés.
Pendant ce temps, dans la péninsule ibérique, le roi wisigoth Reccared se convertit au Christianisme (peut-être pour éviter l'invasion de son royaume par les Byzantins déjà à ses portes) en acceptant les accords du Concile de Tolède de 589. Du coup commencent des persécutions envers les Juifs de l'Espagne wisigothe et des conversions forcées. Certains historiens ont affirmé que les Juifs qui se refusaient à ces conversions s'enfuirent au Maghreb. Mais ceci est douteux car le Maghreb était alors déjà byzantin, ce qui impliquait des persécutions similaires. Ces premiers Juifs d'Espagne, qui avaient vécu dans la péninsule depuis le temps des Romains (près de 700 ans) durent émigrer vers le Nord, dans ce qui est aujourd'hui le Languedoc et le Roussilon, où ils s'établirent dans des villes comme Narbonne et Carcassonne.

LES ARABES (665-1517)
Après avoir conquis la Terre Sainte, et tout le bassin mésopotamien, les nouveaux envahisseurs arrivèrent aux portes de l’Afrique du Nord et prirent Carthage en 665. C’est alors que survint une armée berbère venue des montagnes et dirigée par une femme : la Kahina. Elle était d’origine juive, ou berbère judaïsée. Elle repoussa les envahisseurs et reprit la ville de Carthage. Les Arabes retournèrent dans leur base arrière, en Égypte, et y restèrent jusqu’en 702. Une nouvelle armée d'invasion fut alors plus chanceuse et, cette fois, la Kahina fut battue et tuée sur le champ de bataille. Les Byzantins d’Afrique du Nord perdirent ainsi leur indépendance et furent contraints d’épouser l’Islam, faute de quoi ils étaient mis à mort. Les judéo-berbères, vaincus dans les batailles de plaine, s’en retournèrent dans leurs montagnes sans que les Arabes ne cherchèrent à les en déloger. Ils purent conserver leur religion judaïque. Ibn-Khaldoun, grand historien arabe du 14è siècle, témoigna du prosélytisme juif parmi les tribus nomades avant l'arrivée de l'Islam : Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de Syrie (sic. Judée/Palestine). Parmi les Berbères juifs, on distinguait les Djeraoua, tribu qui habitait l’Aurès et à laquelle appartenait la Kahina, femme qui fut tuée par les Arabes à l’époque des premières invasions. Les autres tribus juives étaient les Nefouça, Berbères de l’Ifrikiya (= Afrique du Nord), les Fendelaoua, les Mediouna, les Behloula, les Ghiatha et les Fazaz, Berbères du Maghreb-el-Acsa. (Ibn-Khaldoun, Histoire des Berbères, traduction de Slane, Tome 1, pp. 208-209)
Le nom Djeraoua est une déformation arabisée du nom Guera qui en hébreu (גרה) signifie combat ; ce mot a été adopté en Latin sous la forme werra (alors que le mot latin bellum pour dire guerre voulait originellement dire duel) qui a donné war en anglais et guerre en français.
L’historien précisa ensuite que le conquérant arabe, Idris, mit fin à l’indépendance de ces tribus judéo-berbères : elles furent forcées de choisir entre la mise à mort ou la conversion à l’Islam. On trouve alors, par exemple, un Juif converti à l'Islam, Habou Hammou II, qui fut roi de Tlemcen jusqu’en 1389.
Cependant l’historien arabe ne savait pas tout, à savoir que d’autres tribus judéo-berbères étaient réfugiées dans les confins montagneux du Maghreb, voire aux portes du Sahara, et échappèrent à la domination arabe tout en conservant leur judaïcité : les ancêtres Benhamou ont font évidemment partie puisqu'ils ont gardé leur judaïcité de tous temps. Il y a eu ensuite, durant les siècles de l'islamisation, des Benhamou qui ont adopté la nouvelle religion conquérante et on trouve aujourd'hui des Benhamou, avec des variants d'orthographe (Béni Hammou et autres), qui sont musulmans. Mais, a priori, un bon 95% des gens de patronyme Benhamou sont juifs.
L'INQUISITION
Dès 1391, les Juifs de l’Espagne catholique durent subir une première expulsion : nombre d’entre eux vinrent en Afrique du Nord et s’installèrent dans les villes des côtes et des plaines, notamment dans la région d’Oran. Puis, en 1492, les "rois catholiques" Ferdinand et Isabelle réussirent à renvoyer les Arabes de l’autre côté de la mer. Souhaitant remercier le Seigneur de cette victoire, ils voulurent purger leur royaume de toute déviance religieuse et convoquèrent les agents de l’Inquisition pour convertir leurs sujets par la force. Or les Juifs étaient fort nombreux dans l’Espagne maure qui venait d'être reconquise. Ceux qui acceptèrent de se convertir sont connus sous le nom de Marranes, et continuèrent à pratiquer la religion juive secrètement pendant un certain temps jusqu'à ce que l'Inquisition les rattrapent... Un nombre d’entre eux s’exilèrent dans les îles Baléares, moins exposés aux poursuites et aux dénonciations. Et d'autres préfèrèrent quitter l’Espagne. Certains se rendirent dans l'empire ottoman avec les navires envoyés par le sultan Sélim I, et s'installèrent notamment à Salonique, avant d'être plus tard autorisés à s'installer en Terre Sainte (dans 4 villes permises: Jérusalem, Hébron, Tibériade et Safed). Certains passèrent au Portugal mais, l'inquisition les rattrapant là-bas aussi, ils passèrent ensuite dans les états tolérants de l’Europe du Nord (Hollande notamment) et se mêlèrent aux Juifs ashkénazes déjà sur place. Et d'autres Juifs espagnols se réfugièrent en Afrique du Nord en suivant leurs anciens maîtres. Notamment, en 1492, 25 navires ont quitté le port de Cadix pour les amener à Oran. L'inquisition causa ainsi l'arrivée d'une vague de Juifs espagnols au Maghreb : ce sont les Séfarades. Ils restèrent principalement au sein des villes musulmanes dans les plaines côtières, sans se mêler beaucoup avec les Juifs autochtones (les "Mizrahim") qui vivaient plutôt dans les lieux reculés en bon voisinage avec les Berbères.
Ces familles séfarades empruntèrent des noms qui leur rappelaient leur lieu d'origine: par exemple, ceux originaires de Murcia en Espagne s’appelaient Marciano, et ceux de Tolède adoptèrent le nom Tolédano. D'autres noms ont aussi emprunté à des références israélites mais en langue espagnole. Par exemple Chicheportiche, vient de l’espagnol seis puertas qui veut dire six portes, en référence aux portes de la ville de Jérusalem du temps du Second Temple. Pareillement, le nom Partouche vient du même mot espagnol puertas qui signifie portes. Ces Séfarades ont le même profil génétique que les Ashkénazes, à savoir leur haplogroupe paternel est J pour la plupart d’entre eux, bien différent de l’haplogroupe Q asiatique qui caractérise les Mizrahim comme les Benhamou. Génétiquement parlant, les Séfarades d’Afrique du Nord sont plus proches des Ashkénazes d’Europe que des Mizrahim d'Afrique du Nord. Cela se comprend car les Ashkenazes comme les Séfarades sont arrivés en Europe à travers l'empire romain, notamment après les expulsions de Judée en 70 et en 130. Les Juifs ashkenazes descendent des Juifs établis dans le nord de l'empire romain (Gaule romaine puis vallée du Rhin) alors que les Juifs séfarades descendent des Juifs établis dans la péninsule ibérique romaine avant qu'elle ne soit conquise par les Barbares puis par les Musulmans. Entretemps, nouvelle inquiétude pour les Juifs: l'Espagne catholique se saisit de villes portuaires dont Alger et Oran vers 1510.

L'EMPIRE OTTOMAN (1516-1830)
C’est à partir du 14ème siècle que les Turcs ottomans commencèrent à se rendre progressivement maître du Maghreb, en commençant par les régions à l'est. Les Espagnols furent chassés d'Alger en 1516 par un célèbre corsaire, Baba Aroudj dit Barberousse, accompagné de son frère Haeïr ed-Din. Ensuite, ils voulurent prendre Tlemcen vers 1518 mais ils y rencontrèrent la résistance de son alliée Debdou et de son roi Abou Hammou III: Debdou avait été fondée par une famille Cohen de Séville après les massacres de 1391 dans plusieurs villes d'Espagne (près de 100 ans avant l'expulsion générale). Leur chef de famille était un certain David "Dou" HaCohen qui a donné son nom à Debdou (David = Daoud en arabe, d'où Debdou). Plus tard; Debdou a été attachée à un royaume tenu par des Benhamou convertis à l'Islam et qui avaient aussi régné sur Tlemcen. Barberousse prit la fuite après sa défaite mais fut capturé par des tribus judéo-berbères soulevées contre le corsaire. On sait qu'il est mort dans cette région de Tlemcen et il y existe un endroit qu’on dit être le lieu de sa sépulture. Tlemcen et sa région ne furent soumises par les Turcs qu'en 1555, soir près de 30 ans après leur arrivée à Alger. Même scénario qu'avec se répètera pour les Français...
Les Turcs se comportèrent très durement envers la population civile et leur joug laissa longtemps un goût amer. Une partie de la population des villes émigra, d’autant que les Turcs déplacèrent aussi le rôle et l’importance des villes. Par exemple, c’est à cette période que la ville d’Oran, de moindre importance que celle de Tlemcen avant les Turcs, fut désignée par eux pour abriter le nouveau pouvoir régional, ce qui perdura depuis lors. En effet, Tlemcen avait été capitale royale plusieurs fois dans son histoire, et même celle où le dernier roi maure de Grenade a jugé bon de s’installer après 1492 et d’y mourir, a ainsi changé de statut depuis les Turcs. Cette présence ottomane perdurera jusqu’à l'arrivée des Français à partir de 1830.
Concernant la ville de Debdou, dans les montagnes de l'Atlas côté marocain, elle avait été créée vers 1415 par des Benhamou islamisés. C'est encore connu de nos jours alors que peu de Juifs y résident à présent. En 1888, le vicomte Charles de Foucault notait dans un ouvrage que Debdou était la seule ville du Maroc où la population juive dépassait celle des musulmans (Livre "Reconnaissance au Maroc"). L’auteur, qui séjourna à Debdou entre 1888 et 1889, où il apprit l’hébreu et l’arabe, précisa que la famille Ouled Ben Hammou (ce qui signifie "les enfants" ou dynastie de Ben Hammou) était un groupe composé d’environ 20 chefs de famille mené par un certain Aron di Chmouil ben Hammou (prénom d'origine juive: Aaron de Samuel).

LA COLONISATION FRANCAISE (1830-1962)
Prétextant une insulte du Bey d’Alger envers son ambassadeur, le roi Charles X envoya une force armée qui débarqua sur la côte africaine en 1830 et s’empara d’Alger. Grâce à leur expérience militaire, les Français purent conquérir l’Algérie rapidement, et l’ont annexée à la France en 1834. Mais l’Algérie avait-elle été toute conquise ? Non, une poche résista toujours : les tribus berbères établies dans l’ouest algérien et particulièrement dans les hauteurs de l’Atlas. La guerre se poursuivit pendant de longues années, sans que les Français ne réussissent à subjuguer ces tribus. Avec le Maroc frontalier à l'ouest, un compromis fut trouver pour fixer la frontière avec le traité de Lalla-Maghnia de 1845 (dans la ville de Maghnia actuelle). Ce traité permit à la France de compter sur le Maroc pour ne pas servir d'asile aux rebelles berbèes. Alors la pacification de l'Algérie ne put commencer qu'avec la reddition d'Abdelkader le 21 décembre 1847.
En 1848, l’Algérie fut déclarée intégrante du territoire français et trois départements furent créés : Alger, Constantine et Oran. En 1870, le décret Crémieux offrit la naturalisation française aux Juifs d'Algérie, ce qui causa plus tard des tensions entre juifs et musulmans autochtones, quoique les musulmans pouvaient aussi faire demande de naturalisation, même avant les Juifs, à partir du Senatus-Consulte de 1864 concédé par Napoléon III dans son plan de créer un "royaume arabe", vassal de son empire. En 1881, l’Algérie comptait environ 3 millions de musulmans (dont 40% de Berbères), 250.000 Français ou Étrangers et 35.000 Juifs naturalisés (et recensés). La France avait aussi envoyé un grand nombre de colons alsaciens en Algérie après l'annexion de leur région par la Prusse.

VICHY (1940-1943)
Le décret Crémieux fut abrogé le 7 octobre 1940 sous le gouvernement de Vichy, qui accompagna cette décision par un train de lois antisémites. Ceci fut fait sous l’impulsion de Marcel Peyrouton, Ministre de l’Intérieur sous Vichy, qui signa avec Pétain, Laval et d’autres ministres concernés les fameux décrets antisémites. De facto, tous les Juifs d’Algérie furent aussitôt soumis aux discriminations raciales et les enfants juifs furent expulsés des écoles françaises, comme ce fut le cas de mes parents.
Heureusement que, quelques mois plus tard, les Alliés débarquèrent en Afrique du Nord. La libération d'Alger avant fin 1942 se fit en fait grâce à l'action de quelques 400 résistants, juifs pour la plupart et dirigés par un certain José Aboulker, de sorte que les chefs politiques et militaires de Vichy furent arrêtés avant même l’arrivée des alliés !
L’Algérie libérée fut mise par les Américains sous l’autorité du Général Giraud après que le général Darlan, ancien "dauphin" de Pétain et rallié aux Américains, ait été assassiné le jour de Noël 1942. Mais Giraud souhaita conserver les lois de Vichy ! Aussi les Américains lui firent comprendre qu’il n’était pas acceptable pour un territoire libéré de maintenir des lois raciales ou discriminatoires, et Giraud fut bien obligé de les abroger en mars 1943. Mais du même coup, il confirma aussi l’abrogation du décret Crémieux le jugeant lui aussi discriminatoire ! Ceci fut fait par l’impulsion dudit Marcel Peyrouton qui, après avoir servi Vichy, s’était rallié à Giraud et réussit ainsi à faire abroger par deux fois, par deux gouvernements successifs, le fameux décret de 1870. Finalement, le décret Crémieux fut rétabli en octobre 1943, et les Juifs d’Algérie purent redevenir officiellement Français pour la seconde fois.
INDEPENDANCE DE L'ALGERIE (1962)
Après la Seconde Guerre Mondiale, pour de nombreux algériens qui avaient servis dans l’armée de libération de la France, le retour au pays où ils n’avaient aucun statut autre que celui d’"indigène", le prix était amer. Peu après que les armes se soient tues en Europe, elles commencèrent à se faire entendre en Algérie. La France, à peine remise des épreuves de la guerre, dut envoyer contingent après contingent pour calmer les troubles. Les dérapages arrivèrent vite, par exemple à Sétif en 1945 où l’armée française tua un très grand nombre d’"indigènes" musulmans pour venger quelques colons lynchés par une foule. Le fossé se creusa entre algériens et colons protégés par une armée française de plus en plus débordée par l’ampleur du mouvement. Le chef du Front de Libération National (FLN) était un certain Ahmed Ben-Bella, originaire de Marnia, dont mes parents ont connu la famille qui avait une grande maison en ville avec un verger d’orangers. Ben-Bella, ensuite choisi comme premier chef d'état de l'Algérie indépendante, fut évincé du pouvoir par Boumédienne et incarcéré de longues années. Il est récemment mort, le 11 avril 2012.
Après près d’une vingtaine d’années de lutte, De Gaulle déclara finalement à une foule algérienne en liesse son fameux : Je vous ai compris. Quel autre choix avait-il? Donner la pleine citoyenneté à quelques 4,5 millions musulmans de cette colonie française? Quelques mois plus tard, les accords d’Évian scellaient l’indépendance de l’Algérie qui fut fixée pour le 1er juillet 1962. Ce fut alors un exode humain inégalé de plus d’un million de Français qui quittèrent leur terre natale, car les Algériens ne leur avaient laissé d’autre alternative que de choisir "entre la valise ou le cercueil". Nombre de ceux qui ne purent pas partir à temps se firent massacrer comme à Constantine en début juillet 1962.
La presque totalité des Juifs d’Algérie émigra aussi en France (130.000 personnes selon les chiffres). Ainsi se terminaient près de 3000 ans de leur présence dans cette contrée où ils étaient arrivés quelques 1600 ans avant la conquête musulmane. Les anciens villages et cimetières juifs ont été depuis laissés à l’abandon et l’usure du temps a fait son travail de destruction.
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