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Histoire familiale des Benhamou
CONCLUSION
Dans les premières parties de cette étude de l'histoire familiale des Benhamou, j'ai donné le contexte généalogique et le contexte histoire des Juifs d'Afrique du Nord. Cette dernière partie est la conclusion de ce qui en découle pour l'étude de l'histoire familiale en Algérie. Vous pouvez cliquer sur un paragraphe particulier pour sauter directement au texte correspondant.
- Debdou
- Marnia
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Je souhaite bonne lecture à tous, et serais heureux de recevoir vos commentaires, corrections ou ajouts.
Albert Benhamou
Tel Aviv, Mai 2021

HISTOIRE DES BENHAMOU
Nous avons vu ici que les Juifs du Maghreb qui sont de groupe génétique Q (voire aussi E) sont arrivés en Afrique du Nord à l'époque du roi Salomon en tant que commerçants et colons d'une nouvelle contrée, afin d'alimenter le royaume israélite de denrées disverses et rares. A cause d'invasions et de persécutions, un grand nombre a disparu mais certaines familles, réfugiées depuis longtemps dans les montagnes de l'Atlas, ont réussi à survivre jusqu'au 19ème siècle. La colonisation française leur apporta alors une ère de progrès et d'émancipation. Beaucoup aujourd'hui sont éparpillés à travers le monde, dont en France, en Israël, aux Amériques et même en Asie. Leurs ancêtres étaient peu organisés autrement que par clans et tribus, dirigés par les "anciens" de chaque clan familial. Certaines de leurs coutumes semblent venues tout droit du temps du Premier Temple. Par exemple on peut citer le "sacrifice rituel" (de volailles ou autres) pendant les fêtes ou pour des actes expiatoires, émulant en quelque sorte les sacrifices faits au Temple. Chez les Juifs d’Afrique du Nord, le rabbin local avait aussi fonction de sacrificateur, en remplacement du Lévite ou Cohen du Temple. Ma famille Benhamou a suivi ce même parcours de 3000 ans.
ORIGINE DU NOM
Le nom Benhamou veut dire "Fils de Hamou", ou "Hammou" selon l'orthographe. Le nom était bien découpé en deux mots, Ben et Hamou, mais les deux parts ont été attachées à la francisation de ma famille en un seul mot: Benhamou. Il est vraisemblable que le nom ait été fabriqué ou adopté à un moment dans l'histoire car les noms anciens, et bibliques, ne faisaient appel qu'aus prénoms de la personne et de son parent: untel fils de untel.
Une hypothèse que j'ai lue plusieurs fois fait référence aux trois lettres qui forment le mot Hamou, H-M-O soit en hébreu: ח-מ-ו. Certains y voient les initiales des trois compagnons du prophète Daniel: Hananya, Mishaël et Azariah. Je ne crois pas trop à cette hypothèse car Daniel date de l'exil à Babylone et non ancêtres étaient depuis longtemps en Afrique du Nord. De plus, les lettres hébraïques des trois compagnons sont ח-מ-ע et non ח-מ-ו.
Une autre hypothèse est que le mot Hamou signifie "son beau-père": il s'agirait alors de dire que l'ancêtre Hamou des Benhamou ait été un enfant dont le père était mort et, comme sa mère s'était remariée, on lui aurait donné ce pseudonyme: Fils de son beau-père, pour honorer celui qui l'aurait élevé. Mais ce mot beau-père s'écrit plutôt חמי et ne s'emploie normalement que pour le père du mari d'une femme (bru), donc sous la forme féminine : son beau-père = חמיה comme dans Genèse 38:25.
Une autre lecture du nom Hamou en hébreu voudrait dire "sa chaleur". Là encore, explication non satisfaisante car "sa chaleur" au masculin se dirait חום שלו voire חומו, et donc il manquerait une lettre ו (vav) pour cadrer.
Mon hypothèse fait appel à la symbolique de ces trois lettres ח-מ-ו : le ח (lettre 'heth) est associé au chiffre 8 qui représente le spirituel (notamment l'alliance avec Dieu car le 8è jour est celui de la circoncision), le ו (lettre vav) vaut 6 et représente le matérialisme (les 6 jours de la Création notamment), enfin le מ (lettre mêm, localisée en plein milieu de l'alphabet hébraïque) a pour valeur 40 et symbolise l'équilibre (exemples: les 40 ans pour atteindre l'âge de raison, 40 ans dans le désert, etc). Donc en fait, ce nom Hamou écrit ח-מ-ו représente l'équilibre (מ) nécessaire entre spirituel (ח) et matériel (ו). Il se pourrait bien qu'il ait été composé à cet effet. Mais bon, rien n'est certain !
DEBDOU
On a vu que, en 1415, la ville de Debdou a été reconnu comme royaume et que son premier roi était un Béni-Hammou, d'une famille juive convertie à l'Islam mais visiblement tolérante envers les Juifs. Debdou était un point de passage au travers des montagnes de l'Atlas vers la ville de Tlemcen qui était une capitale régionale avant les Ottomans. Ceux-ci l'ont délaissée au fur et à mesure lui préférant un port: et donc Oran commença à croitre et continua à le faire lors de la colonisation française et l'Algérie moderne. Des liens séculaires avaient existé entre Debdou et Tlemcen et beaucoup de familles juives étaient réparties entre ses villes et dans la contrée entre elles, notamment à Khémis et à Marnia/Maghnia. En 1913, un rapport faisait état que Debdou a presque toujours été un centre important du Judaïsme. La population juive, de beaucoup la plus nombreuse autrefois, fut particulièrement éprouvée par les troubles de ces derniers temps ; elle constitue encore les deux tiers de la population de la ville sans compter les diverses colonies de Juifs de Debdou qui se trouvent dispersés en Algérie et dans la plupart des nouveaux centres espagnols et français. (Revue du Monde Musulman, 1913, pp. 237-269, article de Nahoum Slousch, ‘Les Juifs de Debdou’). Le même rapport notait que certains Juifs de Debdou étaient bijoutiers, tailleurs et tisserands. D’autres étaient éleveurs de moutons dans les environs.
Toujours selon le même rapport, une synagogue Chenouga Ben-Hammou, était dédiée au clan familial. La vie religieuse était très importante à Debdou où chaque synagogue possédait un Talmud Torah (une étude de Torah, un peu équivalent au catéchisme catholique) où les enfants apprenaient l’hébreu. La ville avait aussi fourni de nombreux rabbins à d’autres centres religieux du Maroc et de l’Algérie. Ainsi Debdou a été centre de la foi juive dans le Maghreb pendant plus de cinq siècles.
Dernier fait intéressant de ce rapport de 1913: les Juifs de Debdou s’étaient aussi installés dans toute la région du Maghreb, notamment autour de Tlemcen la grande métropole voisine qui comptait déjà un très grand nombre de familles juives. Il notait qu’à Tlemcen il y avait 29 familles juives originaires de Debdou et qu’à Marnia il y en avait 7. L’auteur estimait que les Juifs de Debdou représentaient environ 300 familles au total: en comparant ce nombre à celui de Tlemcen par exemple, on constate la grande importance de cette ville pour les Juifs de la région ! Et, selon un autre article, Debdou avait compté deux fois plus de Juifs jusqu’au milieu du 18ème siècle, avec environ 600 familles. Mais une épidémie de choléra poussa une partie d’entre eux à quitter la ville, ce qui expliquerait peut-être la migration de mon arrière-grand-père Benhamou un peu plus à l’est dans les montagnes, du côté algérien.

LA REGION DE KHEMIS
Mes aïeux se seraient installés avant la fin du 19è siècle dans la vallée des Béni-Snouss, près d'une bourgade arabo-berbère nommée Khémis, au milieu d'une contrée montagneuse et fort jolie. Aujourd'hui, cette région reste la seule des alentours de Tlemcen qui a conservé le parler berbère, dit zénéte. La fête la plus connue est celle du carnaval de l'Ayred, qui veut dire lion en langue berbère. Notons la similitude avec l'hébreu pour lion qui se dit Aryeh (אריה). Et aussi les repas de fêtes solennelles s'appellent elkorbane en berbère: notons la similitude avec le mot korban (קרבן) en hébreu qui signifie sacrifice (pour les offrandes aux jours de fête religieuse). La présence de Juifs dans cette région prédate l'arrivée des Arabes au 8ème siècle, comme l'a précisé le grand historien arabe du 14ème siècle, Ibn-Khaldoun. Il a aussi mentionné dans son Histoire des Berbères au sujet des Beni Snous: L’un d’eux, Yahia Ben Moussa Es Senoussi, fut en 1327 l’un des grands généraux du sultan de Tlemcen. Notons le nom: Yahia ben Moussa est un nom bien juif, Yahia étant lui-même un prénom très utilisé dans ma famille et Moussa signifiant Moïse, et Senoussi veut dire de Béni-Snouss, donc de la région où se trouve Khémis. Nous sommes donc loin de la théorie arabe habituelle qui affirme que les Juifs sont arrivés au Maghreb après l'expulsion d'Espagne !
L’origine du nom Khémis est dans le mot 'Hamsa, qui veut dire cinq en arabe, un nombre très employé chez les Juifs et les Arabes car censé porter chance.
Dans un article publié en 1941, Les Béni-Snous, Roger Bellissant a raconté son arrivée dans la belle vallée de Khémis et l’emplacement, à gauche avant de se rendre à la bourgade arabe elle-même, de la tribu sédentarisée de nos ancêtres, celle des Béni-Hammou. Il précisa que cette bourgade de Béni-Hammou comptait alors 850 habitants, répartis dans cinq agglomérations autour de Khémis. En comparaison la bourgade de Khémis comptait alors 2000 habitants.

Sur la photo ci-dessus, on voit le minaret blanc de la mosquée de Khémis. La description de 1941 fait référence à un lieu-dit Béni-Hammou à l'entrée de la vallée de Khémis: il se situait sur la hauteur à gauche de cette photo ancienne. Cette bourgade est en ruines aujourd'hui, et les locaux l'apellent el-Fahs. Mes aïeux s'étaient installés au-delà de Khémis, dans une autre bourgade appelée Oulad Moussa (ce qui veu dire Fils de Moïse; donc un bourg juif): j'ai situé l'endroit sur cette copie-écran de Google Earth. Leur bourgade est aussi en ruines bien entendu. Pour y accéder à partir de la route qui longe la vallée, il faut traverser un petit pont qui enjambe le oued (wadi) Khémis. De l'autre côté de cette petite route se trouve le cimetière juif du douar Oulad Moussa. La vallée est dite de Béni-Snouss.

Sur la photo ci-dessous, aussi de 1941, prise de l'autre côté de Khémis, on voit la bourgade (douar) de mes ancêtres au premier plan et on distingue le minaret blanc de la mosquée de Khémis au milieu de la photo.

L'activité économique des gens de la région était centrée sur l'artisanat de deux produits: le travail du fer-blanc, grâce à des mines de fer toutes proches à Tafessera, et la production de tapis en nattes, qui s'appelle hssira, qui a donné le nom à la famille de mes ancêtres côté maternel: les Abou-Hassira (qui veut dire la confrérie des tapis en nattes). Mise à part ces deux productions majeures, les gens vivaient aussi évidemment d'élevage et d'agriculture.
Mais il nous revenir sur cette bourgade de Khémis. D'après les anciens, elle était peuplée entièrement de Juifs depuis l'ère romaine, voire même auparavant, et ce jusqu'à la conquête arabe au 8è siècle. La mosquée actuelle avait été établie à la place d'une très ancienne synagogue dont la mézouza existait encore au début du 20è siècle sous une épaisse couverture de chaux. Ceci n'est pas juste une légende: même les Arabes locaux affirment que leur mosquée date de temps immémoriaux... ils n'ont pas tort car ce bâtiment était une synagogue antérieure à la conquête arabe !!
A la fin du 19è siècle, Khémis était déjà établie comme bourgade arabe depuis des siècles, mais les alentours étaient habités par diverses familles juives dont les Ben-Hamou qui étaient en majorité. Jugez que les villages juifs étaient généralement dénommés comme les Ouled Moussa, c'est-à-dire les Enfants de Moïse, mais que les Ben Hamou étaient si nombreux qu'ils étaients dénommés, et par les Arabes et par les autorités françaises, comme les Ouled Hammou.
MARNIA / MAGHNIA
Tlemcen était une des quatre sous-préfectures du département d’Oran, et Maghnia en était une commune. Le site de Maghnia se trouvant sur l’axe routier avec la ville d’Oujda au Maroc, les Français y établirent un camp militaire retranché (la "redoute") pour surveiller la frontière. En cela ils avaient copié les Arabes qui y avaient établi le poste de Lalla-Maghnia, eux ayant copié les Romains et Byzantins qui y tenaient un poste pour une unité militaire numerus (de 400 à 500 soldats) appelé Syrorum, comme on l'a vue précédemment. Une inscription romaine parle de Syrorum (Maghnia) et de Pomaria (Tlemcen).
Le nom Lalla-Maghnia provient d'une femme que l'on disait sainte et dont le marabout (kouba, mausolée funéraire) se sitait à quelques 2 km au sud du centre de la Marnia française, près du oued de la Tafna. Après le camp militaire de Marnia, formé en 1844, une vie commerciale commença à s’organiser. Sous la protection militaire, des colons français et étrangers s’y installèrent. Les nomades judéo-berbères des environs venaient y vendre les produits de leur élevage, de leur récolte ou de leur métier. Ce marché développa le commerce et la ville de Maghnia s’agrandit au fur et à mesure. Pour illustrer sa croissance très rapide, voyons quelques chiffres. En 1875, la ville comptait 669 habitants et un marché considérable y avait lieu tous les dimanches (Achille Fillias, Dictionnaire des communes, villes et villages de l’Algérie, 1878, p. 60). Une année plus tard, elle en comptait déjà 2707 dont 134 Juifs (O. Niel, Géographie de l’Algérie, 1876, p. 493). Et, à la fin du 19ème siècle, la population comptait plus de 33.000 habitants, dont 577 Juifs.
Dans les environs de Maghnia, il y avait un certain nombre de bourgades de Juifs sédentarisés, dont les Ben-Hammou, Ouled Hammou et autres appellations. Ces groupes ont été considérés comme des locaux (les Français disaient "indigènes") des environs de Maghnia, car ils étaient cités comme des tribus berbères juives faisant partie de la "Commune Mixte" de Maghnia, créée par décret de décembre 1875. Le terme Commune Mixte voulait dire que c’était une commune où vivaient colons et "indigènes". Mais ce statut de Commune Mixte n'a été appliqué qu'en 1922. En 1929, le maire était juif: Elie Chouraqui. En 1934, son conseil municipale comprenait 8 Israélites, 6 Musulmans et 4 Chrétiens. A partir de 1953 et jusqu'à l'indépendance algérienne, le dernier maire de la ville française s'appelait Louis Gerbaux (ou Gerbaud).
A cette époque, mon arrière-grand-père, Joseph dit Sosso, armurier de métier, était arrivé de Debdou et s'était installé à l'extérieur de la bourgade musulmane de Khémis, dans les montagnes du Béni-Snouss. Son fils, mon grand-père paternel, Abraham, fabriquait des selles de monture et avait aussi créé un élevage qui avait atteint 400 têtes en 1962. Il employait des bergers berbères pour garder ce troupeau près de Khémis. Il s'est installé à Marnia après la naissance de son fils aîné, Joseph, en 1905. Ses fils, mes oncles, étaient notamment fer-blantiers et tailleurs. C'est là que ses autres enfants, dont mon père, sont nés, ainsi que moi-même. Pourquoi s'installer à Marnia? C'était devenu un centre important de commerce et d'activités dans la région. De plus, ses enfants pouvaient bénéficier de l'éducation nationale française à l'école, ce qui n'était pas possible dans les contrées reculées du Khémis.
Voici quelques photos de la Marnia française, d'avant 1962, avec explications.


La photo ci-dessus, prise en direction du nord, montre la place principale, avec un monument aux morts surmonté d'un coq (emblème de la France). Sur la place, l'église et, de l'autre côté de la place, c'était la mairie (pas sur cette photo). En arrière-plan, au nord de Marnia, sur la hauteur, c'était la Vigie, un poste de surveillance pour la frontière voisine. La rue montante était la rue du Lieutenant Rose. On remontait cette rue et, à la première rue à droite (rue Martinprey), on se rendait à l'école. Si on continuait à remonter le rue du Lieutenant Rose jusqu'au croisement de la deuxième rue, on arrivait à la synagogue sur la gauche, avec la maison de mes parents attenante que l'on distingue sur la gauche de la photo suivante. La physionomie des lieux a complétement changé aujourd'hui, bien entendu, et la synagogue est devenu un centre culturel. Ma maison natale existe toujours, quoique bien transformée.


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