Lorsque Salomon voulut construire un Temple dédié au culte, afin de remplacer le Tabernacle mobile qui avait été créé par Moïse et utilisé depuis les temps des Hébreux dans le désert et ce jusqu'au règne de David, il fit appel à Hiram de Tyr. Voici comment la Bible nous le présente :

​

Le roi Salomon fit venir Hiram de Tyr. C'était le fils d'une veuve de la tribu de Nephtali, et son père était un Tyrien, ouvrier en cuivre; lui-même était plein de talent et d'industrie, habile à tous les travaux du cuivre. Il se rendit auprès du roi Salomon et exécuta tous ses ouvrages. (I Rois 7:13-14)

​

Ainsi Hiram était juif par sa mère. Il travailla pendant 20 ans dans les travaux que souhaitait réaliser Salomon, et devint roi de Tyr entretemps :

​

Or, au bout des vingt ans employés par Salomon à construire les deux maisons, la maison du Seigneur et celle du roi, Hiram, roi de Tyr, ayant fourni à Salomon le bois de cèdre, le bois de cyprès, l'or et tout ce qu'il désirait, le roi Salomon donna à Hiram vingt villes de la province de Galilée. (I Rois 9:10-11)

​

​Regardons la continuation des chronologies historique et biblique (pour les dates antérieures, se rapporter aux articles précédents depuis Adam) :

​​​​​​

• an 2699 (-1061) : règne de Saül, premier roi d'Israël

• an 2700 (-1060) : David contre Goliath

• an 2708 (-1052) : règne de David sur tout Israël

• an 2745 (-1015) : règne de Salomon, fils de David ; début de la construction du Temple

• an 2752 (-1008) : inauguration du Temple de Salomon

​​

Parmi les fournitures que Hiram avait fabriquées pour le Temple, la Bible nous décrit avec précision certains chariots en cuivre :

​​

​Il (Hiram) fit dix chariots de cuivre, ayant chacun quatre coudées de long, quatre de large et trois de hauteur. Voici comment étaient faits ces chariots : ils étaient garnis de moulures, et ces moulures séparaient les échelons. Sur ces moulures séparant les échelons étaient figurés des lions, des bœufs et des chérubins; pareillement sur le haut des échelons; et, au-dessous des lions et des chérubins, des degrés disposés en pente. Chaque chariot avait quatre roues de cuivre avec des essieux de cuivre ; les quatre coins étaient munis de consoles qui étaient fondues de manière à soutenir le bassin, et dont chacune faisait face aux degrés. L'ouverture du bassin se trouvait à une coudée au-dessus de son rebord, dont l'ouverture était arrondie, formait support et avait une dimension d'une coudée et demie cette ouverture aussi était garnie d'ornements à moulures carrées, et non arrondies. Au-dessous de ces moulures se trouvaient quatre roues, dont les essieux tenaient au chariot, et dont chacune était haute d'une coudée et demie. La forme de ces roues était celle des roues d'un char : leurs essieux, leurs jantes, leurs rayons, leurs moyeux, le tout avait été fondu. Les quatre consoles qui étaient aux quatre angles de chaque chariot faisaient corps avec lui. Au-dessus du chariot s'élevait une saillie circulaire d'une demi-coudée de hauteur; et les tenons à son sommet, ainsi que ses moulures, faisaient corps avec lui.  Sur les plaques de ses tenons et sur ses moulures, il grava des chérubins, des lions et des palmes, selon l'espacement de chaque pièce et des degrés tout autour. Il procéda de la même façon pour les dix chariots : même fonte, même dimension, même forme pour tous. (I Rois 7:27-37)

​​​​

Ces chariots ressemblaient donc à de petits chars (de guerre) du fait de leurs roues et leurs essieux. Ces chars étaient de forme carrée, à savoir quatre coudées de long et quatre de large (une coudée faisant environ 45 cm) et, sur une hauteur de trois coudées. Le dessus de chaque chariot offrait un support sous forme de console ronde. L'ensemble était orné de moulures décoratives. 

​

Cette description correspond tout à fait à un certain type de chariot qui servait de support que les archéologues ont trouvé sur l'île de Chypre. Or Chypre, à l'époque de la royauté unifiée d'Israël, était aux mains des Phéniciens, c'est-à-dire des villes de Sidon et de Tyr. Et les chariots trouvés sur place ont été datés d'entre le 10ème et 12ème siècle avant notre ère. Ils n'ont cependant pas de provenance déterminée. Deux hypothèses : soit ces chariots étaient le résultat d'un savoir-faire chypriote qu'Hiram a emprunté, ou ils ont été de conception phénicienne et apportés à Chypre. En tout cas, les photos de ces chariots découverts ne laissent aucun doute sur le concept qu'avait eu Hiram pour en fabriquer pour le service du Temple de Salomon. Les chariots de Chypre sont aussi composés de quatre roues ressemblant à un char, de forme carrés, mais ils sont un peu plus petits car ils ont trois pieds de hauteur (une coudée correspond à 1,5 pieds). L'emplacement de décorations est semblable à la description biblique mais, évidemment, les sujets de décorations sont différents (pas de sujets païens pour le Temple de Salomon). Et le dessus de ces chariots forme un support arrondi : dans le cas de ceux du Temple de Salomon, ces supports étaient faits pour recevoir des bassins d'eau pour les purifications. 

​

On voit donc bien qu'il y a corrélation entre ces chariots de Chypre et la description biblique de ceux fabriqués pour le Temple de Salomon : le point commun étant Hiram le phénicien, roi de Tyr, qui a utilisé ce savoir-faire unique, celui d'un artisan plein de talent et d'industrie, habile à tous les travaux du cuivre. 

​

Pour finir sur ce sujet, le terme employé pour "chariot" dans le texte biblique est "mékhona" (מכונה en hébreu). EN hébreu moderne, ce mot est employé pour dire "machine", à savoir tout objet qui a pour but d'aider les hommes dans leurs taches de façon, dirions-nous, automatisée. Ce terme est tiré de la racine כון qui donne l'idée de "déplacement uniforme" (כיון pour direction). Donc ce mot biblique voulait signifier des ustensiles pour transporter des bassins d'eau d'un point à un autre sur le parvis du Temple. La traduction utilisée ici est "chariot", à défaut de trouver mieux. Dans d'autres traductions on a utilisé le mot "support".

​​