Seder Olam Revisité: F00- La Création

Avant de nous lancer dans un voyage à travers les âges selon la chronologie biblique et juive, il convient de planter le décor en évoquant la controverse sur les "Six jours de la Création". Pourquoi ? Parce que les athées se moquent souvent de la Bible en soulignant que l'univers a environ 14 milliards d'années. Ils pourraient alors se demander : pourquoi s'embêter à écrire quoi que ce soit sur la chronologie biblique si la Bible est contredite par la Science ?

Les deux durées indiquées sont pourtant correctes. Alors, comment concilier les deux points de vue ? En termes simples, ces "six jours" ne sont pas des "jours humains", au sens où ils ont été des "jours" qu'aucun humain n'a connus. Une lecture attentive du texte biblique révèle qu'Adam, le premier homme créé à l'image de Dieu, n'est apparu que le 6e jour, avant le jour de repos, le 7e jour ou jour du Shabbat. Autrement dit, les six premiers jours ne sont observés que par Dieu lui-même : il y a des "jours divins" et non des "jours humains".

Y a-t-il une différence entre les deux types de "jours" ? Oui. Car, depuis qu'Einstein a élaboré sa théorie de la relativité il y a plus de 100 ans, nous savons que le temps n'est pas un concept fixe : il dépend de qui est l'observateur du temps. En d'autres termes, le temps dépend du point de référence à partir duquel il est mesuré ou observé et ne peut être dissocié de l'espace ou du point de référence à partir duquel il est mesuré. Prenons un exemple simple : toute personne assise sur sa chaise lisant ces lignes peut affirmer qu'elle ne bouge pas. Pourtant, d'un observateur hypothétique situé n'importe où ailleurs en dehors de la Terre, il verrait cette personne voyager dans l'espace à la vitesse de rotation de la Terre (parce que le lecteur est dessus), et aussi à la vitesse à laquelle la Terre se déplace autour du Soleil. De plus, si cet observateur hypothétique est situé en dehors de notre galaxie, le lecteur sera vu comme se déplaçant à la vitesse à laquelle tout notre système solaire se déplace à l'intérieur de notre galaxie. Qui a raison ? Est-ce la personne assise sur sa chaise qui dit qu'elle ne bouge pas, ou l'observateur qui dit que cette personne se déplace à une vitesse très rapide dans l'espace ? Les deux ont raison, car cela est simplement lié au point de référence à partir duquel on fait l'observation.

Ainsi, Dieu et Adam sont deux observateurs distincts du temps. Les "jours humains", observés depuis Adam, ne peuvent être mesurés qu'après sa création. Ainsi, les six jours précédents sont des "jours divins" qui, du point de vue de la perception humaine, pourraient équivaloir à des milliards de "jours humains". Ces "jours divins" appartiennent uniquement à une "époque" hors de l'humanité. Si la science affirme que l'univers a environ 13,8 milliards d'années, qu'il en soit ainsi ! En 2012, des scientifiques ont créé une "chronologie (à l'échelle humaine) de l'univers" montrant clairement qu'il a eu un début, le fameux Big Bang, il y a environ 13,77 milliards d'années ; pour la vérifier, cliquez sur la carte WMAP de la NASA (voir ci-dessous).

La Chronologie de l'Univers (source : NASA)

Ces milliards d'années ne contredisent pas la Bible, car chaque "jour divin" peut avoir une durée différente à l'échelle humaine, car le point de référence, ou la perspective, de Dieu évolue au cours de ces six "jours". Son point de référence est d'abord le "néant" où Il a créé la première "étincelle" : c'est ce que l'on appelait autrefois la création ex-nihilo et que le monde scientifique appelle aujourd'hui le Big Bang. La découverte de l'existence du Big Bang, et de l'expansion continue de l'univers depuis lors, a constitué un grand pas en avant pour réconcilier la Science et la Bible, même si le monde scientifique ne parle jamais de la Création. Pourtant, c'est le même concept qui explique comment tout a commencé !

Le récit biblique évolue ensuite vers notre système planétaire, avant de se concentrer sur les éléments terrestres : les plantes, les animaux, jusqu'à Adam. Il est donc fort possible que les deux premiers "jours divins" de la Création aient duré environ 4 milliards d'années, équivalentes à des "années humaines", liées à la formation de la Terre et à son évolution. La science affirme que la Terre a commencé à être peuplée par des animaux terrestres (les dinosaures) il y a quelques millions d'années, et par l'humanité (les hommes préhistoriques) il y a seulement environ 200 000 ans.

Histoire de l'Univers (source : NASA)

Les théories scientifiques de l'évolution ne sont pas contradictoires avec le récit biblique : toutes deux affirment que la Terre était recouverte d'eau, jusqu'à l'apparition des terres émergées, puis des plantes et des arbres, puis de la vie animale, aquatique et terrestre, jusqu'à l'apparition de l'humanité. La séquence de cette évolution est la même dans la Science et dans la Bible. Mais il manque encore un chaînon entre l'homme préhistorique et l'homme moderne. En attendant sa découverte, les deux théories s'affrontent : la science cherche encore le chaînon manquant, tandis que la Bible affirme que le premier homme, Adam, a été créé comme un seul être, sans évolution à partir de créatures existantes.

Avant Adam, il n'y avait pas de "jours d'Adam" (notre façon de mesurer les jours et le temps aujourd'hui), et Dieu seul en a été témoin : Ses "jours" à Lui ne sont pas les mêmes que nos jours humains. Le livre de Job pose la question de cette perspective fondée sur la Relativité :

Tes jours sont-ils comme les jours d'un homme (אֱנוֹשׁ), et tes années comme les jours d'un homme fort (גָבֶר) ? (Job 10:5)

Comme Job se le demandait lui-même, la réalité est que nous n'avons aucun moyen de savoir ou de mesurer ce que signifiait un jour vu de Dieu (qu'il appelait "les jours d'un homme fort") durant ces six "jours" de la Création. C'est une compréhension que l'humanité ne pourra peut-être jamais saisir. La Bible ne nous donne qu'un aperçu de ce qu'aurait pu être un jour pour Dieu :

Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres Nuit. Il y eut un soir (עֶרֶב), et il y eut un matin (בֹּקֶר), Jour Un (יוֹם אֶחָד). (Genèse 1:5)

Ce verset simple est assez clair. Premièrement, la lumière du premier jour n'avait rien à voir avec la lumière provenant de notre Soleil actuel, car le Soleil n'était pas encore formé le premier jour : le soleil n'est créé que le quatrième jour (Genèse 1:16).

De quelle Lumière parle-t-on donc le premier jour ? C’était une lumière qui permettait au monde, tel qu’il se formait au cours des "jours" suivants, d’exister. La séparation avait été nécessaire pour extraire cette Lumière du chaos de la Création immédiate. Et la notion de "jour divin" est encore plus définie dans ce verset : il s’agit du passage du "soir" au "matin". Mais encore une fois, ce soir et ce matin n’ont rien à voir avec nos soirs et nos matins humains qui sont eux basés sur le système solaire. En ces jours divins, matins et soirs désignaient des événements différents : le mot "soir" est formé du mot hébreu עֶרֶב, qui renvoie au mot hébreu signifiant "confusion". Alors que la Bible tente de nous parler en langage humain, ce "soir divin" est comparé à la confusion ou au mélange qui apparaît dans un soir humain, lorsque la lumière du jour et l’obscurité semblent se confondre ou se mêler au coucher du soleil. Le mot hébreu utilisé pour matin est בֹּקֶר, qui signifie "discernement", dans le sens où l'on peut commencer à voir ce qui se passe (la même racine hébraïque est utilisée pour le mot "visite", qui est בִּיקוּר). Ainsi, ces six jours divins sont simplement les jalons de la Création de Dieu. Le premier jour, Il a donné naissance à la matière, puis a mis fin au chaos (symbolisé par la confusion du soir) de ce "bang" initial et a fait avancer le monde vers plus d'ordre (symbolisé par le discernement du matin). La séparation de la Lumière et des Ténèbres primordiales était nécessaire le premier jour, sinon le monde n'aurait pas pu poursuivre son existence et se développer les jours suivants. L'analogie de cette séparation peut également être comprise avec le concept scientifique de matière et d'antimatière : la matière doit être séparée de l'antimatière, sinon, si les deux sont combinées, elles s'annihilent mutuellement dans une explosion d'énergie ; en d'autres termes, elles retournent toutes deux au chaos/vide primordial de la Création. C'est la séparation de la matière et de l'antimatière qui permet à toute chose d'exister.

Le récit biblique nous donne un autre indice sur la réalité de ces jours divins, principalement au chapitre 1 de la Genèse, qui ne sont pas comparables aux jours humains. L'indice est que le chapitre 1 contient 31 versets. Le nombre 31 est 1 + 30. Le nombre 1 est ce qu'on appelle le Jour Un (et non le "premier jour"), comme point de départ unique : la Création.

Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres Nuit. Il y eut un soir, et il y eut un matin : Jour Un. (Genèse 1:5)

Le nombre 31 peut donc s'écrire 1 (lettre א) et 30 (lettre ל). Ensemble, ils forment le mot אל, prononcé El, qui fait référence à Dieu dans toutes les langues anciennes.

Mais force est de constater que les 31 versets du chapitre 1 de la Genèse contiennent également la création de l'homme (Genèse 1:26-31). Le décompte du temps humain aurait donc commencé à partir de ce point, le 6e jour du récit biblique. C'est un argument valable, et c'est peut-être vrai. Or, la création de l'homme est relatée au verset 27, ce qui signifie qu'avant la création de l'homme, il y a 26 premiers versets : le nombre 26 correspond au nom de Dieu (le tétragramme), qui signifie également le temps divin. En hébreu, chaque lettre a une valeur numérique ; le nom de Dieu, le tétragramme, s'écrit avec quatre lettres י, ה, ו, ה, de valeurs respectives 10, 5, 6, 5, dont la somme donne 26 (pour plus d'informations sur le symbolisme juif des nombres, cliquez ici). Ainsi, que l'on considère 31 ou 26, ces deux indices nous apprennent que les œuvres de la Création, avant l'humanité, suivaient une "horloge divine" et ne faisaient pas partie du temps "humain". Pour plus d'information sur la symbolique juive des nombres, cliquez ici.

À propos du Big Bang, ou de la Création ex-nihilo, on remarque que la Bible commence par trois mots hébreux dans cet ordre : Bereshit (בראשית), Bara (ברא), Élohim (אלהים), qui sont généralement traduits par : « Au commencement, Dieu créa… » Mais, dans l'ordre hébreu correct, on lit : « Au commencement, créé [par] Dieu… » Pourquoi cet ordre est-il important ? Parce que l'on se demande généralement comment le Big Bang s'est produit. La réponse se trouve dans ces trois mots, dans le bon ordre. Voyons cela :

• Au commencement, en hébreu בְּרֵאשִׁית (prononcé Béréshit), indique qu'une « horloge » a commencé à tourner ; à ce moment précis, cette horloge ne mesure pas un temps humain, mais un temps divin ; or le Temps c'est aussi l'Espace (prouvé par Einstein), et donc l'Espace matériel est apparu avec le Big Bang.

• Créé, en hébreu בָּרָא (prononcé Bara), nous dit que, puisqu'il y a eu un commencement (ou un Big Bang), cela ne peut signifier qu'une Création (ex-nihilo) ; car le "rien" ne peut pas produire "quelque chose" de lui-même. Les athées croient qu'un événement aléatoire s'est produit et a causé le Big Bang ; mais un événement dû à quoi ? À rien ? Cela n'a aucun sens.

• Dieu, ou l'Éternel, en hébreu אֱלֹהִים (prononcé Élohim), est le nom qu'il a adopté lors de son plan magistral de création : autrement dit, comme il y a eu un départ de rien, donc une création ex-nihilo, alors il y a un Créateur : la Bible nous dit simplement que ce créateur s'appelle Élohim.

Pourquoi Dieu aurait-il choisi cet ordre de mots pour ouvrir le livre le plus important pour l'humanité ? Il aurait pu commencer plus simplement par : « Dieu créa ceci le premier jour, puis ceci le second, etc. » ? Nous ne pouvons que spéculer sur la réponse. Pour moi, cela montre que Dieu ne voulait pas placer la foi en lui comme préambule. Car, s'il avait commencé la Bible par "Dieu créa le premier, etc.", cela aurait sous-entendu que les lecteurs devaient croire en une entité appelée Dieu, le créateur de toute chose, par qui découle tout le reste : la foi devient alors une condition préalable. Au contraire, le texte invite le lecteur à user de son intellect, à s'interroger sur le commencement de toute chose à partir de rien, puis à atteindre la connaissance intérieure de l'existence d'un créateur par un simple processus logique. C'est une grande leçon d'humilité de la part de Dieu, car Il n'a pas choisi d'inscrire Son existence, et la foi en Lui, dès les premiers mots de Son livre (la Torah, dit Pentateuque). Il a plutôt dû considérer que la Bible deviendrait universelle (et elle l'est effectivement, puisqu'elle est le texte fondamental des trois religions monothéistes) et serait lue par les croyants, les non-croyants et même les sceptiques.

La science moderne est en effet très utile car, bien qu'elle n'explique pas le Big Bang, elle explique ce qui s'est passé ensuite et comment. Dans le texte biblique, le mot Bara (ברא) pour créé n'est utilisé que dans le premier verset. C'est ainsi que le grand penseur juif Nahmanide, dit Ramban (1194-1270), célèbre pour son Commentaire de la Bible et sa Dispute de Barcelone, interpréta ainsi ce mot : Dieu n'a utilisé l'acte de création qu'au tout premier instant du premier jour (Son "Jour Un"). Ensuite, tout le reste, tel que décrit par la Bible, n'a été qu'évolution, modulation, formation, ajustement, etc., mais pas créé "Bara". La science affirme la même chose : il n'y a eu qu'un seul Big Bang. Et depuis 14 milliards d'années, aucun événement de ce genre ne s'est reproduit. Pour comprendre ce qui se passe après ce moment unique, examinons ce que dit la Bible, jour après jour :

Jour	Étape	Verbe utilisé	Versets bibliques
Jour Un	Les cieux, la terre, la Lumière	ברא créé ויאמר dit	Genèse 1:1-5
2è jour	Le firmament, les eaux	ויעש fait	Genèse 1:6-8
3è jour	Le sol, la végétation	ויאמר dit	Genèse 1:9-13
4è jour	Luminaires célestes	ויעש fait	Genèse 1:14-19
5è jour	Créatures vivantes dans le ciel et la mer ; les monstres marins et les grands reptiles	ויאמר dit ויברא a créé	Genèse 1:20-23
6è jour	Créatures vivantes sur la terre Humains	ויעש fait נעשה faisons	Genèse 1:24-25 Genèse 1:26-31

Le texte biblique des Six Jours de la Création est corroboré par la science de nombreuses manières. Voyons comment:

1- Le Big Bang initial, il y a environ 13,8 milliards d'années : le texte biblique l'appelle Jour Un et affirme que la Lumière (primordiale) n'a pas été créée immédiatement à ce moment-là, mais qu'elle est apparue par ordre divin, Que la Lumière soit (Genèse 1:3), et s'est extraite pour se séparer de l'informe et du vide, l'état de Tohu et Bohu (Genèse 1:2). La science a récemment prouvé que la lumière n'est apparue que 380 000 ans après le Big Bang. À ce sujet, voir article de Hannah Devlin, Let there be light: how the Universe looked after Big Bang, publié dans le Times du vendredi 22 mars 2013 (cliquez ici). Mieux encore, cela a prouvé qu'avant ce moment, l'Univers était une « soupe » chaude et dense où les particules élémentaires telles que les protons et les électrons interagissaient constamment sans se joindre. Elles étaient piégées dans cette soupe par une gravité si élevée qu'il était impossible à quoi que ce soit d'en sortir. En d'autres termes, il s'agit du Tohu et Bohu mentionnés dans la Bible, qui désignent l'état informe et vide de l'Univers avant que la Lumière ne puisse s'échapper. Puis vint l'ordre divin : Que la Lumière soit. Les éléments commencèrent à s'unir, et la Lumière commença à s'échapper de la "soupe" : c'est ce que le texte biblique appelle Dieu séparant la lumière des ténèbres (Genèse 1:4).

La « soupe » primordiale (source : ESA/Consortium Planck)

2- Formation du firmament, c'est-à-dire des étoiles, de leurs systèmes solaires et de leurs planètes, et, étonnamment, de l'eau également. Nous reviendrons sur la question de l'eau dans le chapitre consacré au Déluge.

3- Bien plus tard, sur Terre, l'eau fit place à un seul continent qui s'éleva au-dessus du niveau de la mer ; la végétation commença alors à pousser. Avec la dérive des continents, ce continent commença à se fragmenter et à former les sept continents que nous connaissons aujourd'hui.

Le continent unique originel (source : Encyclopédie Britannica)

4- Le mouvement des planètes du système solaire fut alors stabilisé, de sorte que, ensemble (Soleil, Lune, Planètes, Étoiles), elles servirent de luminaires à l'humanité pour marquer le passage du temps, les saisons et les cycles qui régissent désormais la vie humaine (Genèse 1:14).

5- Puis la vie apparut, d'abord dans la mer et dans l'air ; cela n'est pas contradictoire avec la science qui affirme que toute vie sur Terre a commencé à partir d'organismes marins avant d'évoluer dans l'air et sur terre ; notez qu'un verset (Genèse 1:21) mentionne également une création antérieure (mot ויברא) : c'est lorsque Dieu créa les monstres marins et les "grands reptiles" ; ces animaux géants avaient été créés par Dieu Lui-même pour peupler la mer et la terre. Quels étaient-ils ? Peut-être les légendaires Léviathans marins et, sur terre, les dinosaures (les grands reptiles), identifiés au XIXe siècle comme les premières créatures terrestres.

6- Finalement, d'autres créatures sont apparues sur Terre, "faites" à partir des matériaux créés existants ; il s'agissait d'une évolution imposée, et non d'un processus aléatoire ni d'une création ex-nihilo.

Tout le monde connaît le vieux dicton selon lequel "le monde n'a pas été créé en un jour". Mais il est peut-être faux, car la seule "création" a consisté en l'instant premier, le Jour Un, comme le dit le premier verset de la Genèse. Ensuite, tout le reste (à l'exception des grands animaux qui peuplaient la mer et la terre aux premiers temps) a été une évolution dirigée, avec l'intervention ponctuelle de Dieu pour la diriger.

Le concept d'évolution dirigée plutôt que d'évolution aléatoire est évidemment un point de discorde pour les athées qui croient que l'évolution, bien que peu aléatoire, s'est produite de manière aléatoire compte tenu de la longue échelle de temps impliquée. Un célèbre scientifique britannique avait même affirmé qu'en laissant un singe devant une machine à écrire, il serait capable d'écrire un sonnet tiré des romans de Shakespeare (pour en savoir plus sur cette hypothèse des singes dactylographes, cliquez ici). Cependant, des statisticiens ont calculé la probabilité d'une évolution aléatoire et n'ont pu seulement conclure que le temps nécessaire à un seul changement évolutif pour se produire excède largement l'âge de la Terre (4,5 milliards d'années), et même celui de l'Univers (14 milliards d'années). Autrement dit, une évolution aléatoire est mathématiquement impossible. Tout ce que nous observons et mesurons dans le monde naturel n'aurait pas pu se produire par hasard, car, même si un seul événement mathématiquement impossible s'était produit par hasard (car mathématiquement impossible ne signifie pas nécessairement impossible), la complexité de la nature qui nous entoure aurait nécessité la succession d'un nombre infini d'événements mathématiquement impossibles. La Bible nous dit plutôt qu'il existait un "plan directeur" qui a débuté avec la Création et qui se poursuit selon une évolution spécifiquement conçue.

L'un des éléments de ce plan directeur est le rôle du nombre six qui, comme les six jours de la Création, est associé à la Nature selon les Sages juifs (tandis que le nombre sept est associé au Shabbat, un concept extérieur et supérieur à la Nature) (pour la symbolique juive des nombres, cliquez ici). Ce nombre six se retrouve en effet dans de nombreuses formes ou phénomènes naturels. Par exemple, le six a la forme d'un hexagone, une forme répandue dans la Nature : on le retrouve dans les plantes, dans le nombre de pattes de la plupart des insectes, dans la boue ou le basalte lorsqu'ils sèchent et se contractent, etc. Plus important encore, parmi tous les atomes nécessaires à la Vie, l'atome de Carbone est primordial : il forme tous les éléments et composés organiques qui constituent la Nature et la Vie. Or l'atome de Carbone est composé de six protons, six neutrons et six électrons : cette combinaison parfaite 6-6-6 fait de cet atome l'atome le plus stable sur lequel reposent tous les éléments naturels et vivants. Mais il y a un problème… La formation des atomes de Carbone dans les systèmes stellaires nécessite un processus spécifique à partir d'atomes d'Hélium qui forment l'isotope Béryllium-8, lequel produit ensuite un atome de Carbone.

La formation du Carbone dans les étoiles, avec le "processus triple alpha"

Ce qui intrigue les physiciens, c'est qu'il a été jusqu'à présent impossible de reproduire ce processus expérimentalement (pour des explications plus détaillées, cliquez ici). Or, il s'agit ici de l'une des réactions atomiques les plus fondamentales, car c'est elle qui produit le Carbone dans l'Univers. Pourquoi est-il impossible de créer cette réaction ? Parce que l'isotope Béryllium-8 est extrêmement instable, avec une durée de vie d'à peine 1/1016 de seconde : cela signifie que, théoriquement, cette réaction produisant le Carbone est hautement improbable et ne devrait même pas être possible. Et pourtant, elle existe et constitue la base de notre Univers.

Un dernier commentaire avant d'aborder la chronologie biblique : le calendrier hébreu compte les années à partir de l'existence d'Adam, et non à partir de la Création. L'année hébraïque actuelle est 5785 (correspondant aux années séculaires 2024-2025), bien en deçà des 4,5 milliards d'années de l'âge de la Terre. Mais, comme expliqué précédemment, l'humanité ne pouvait pas utiliser les années humaines pour établir un calendrier à partir du jour de la Création, car nous ne disposons pas du même point de référence pour mesurer le temps avant l'apparition d'Adam. Notons également qu'Adam n'était pas un homme préhistorique : les hommes préhistoriques les plus proches étaient l'Homo Sapiens, apparu il y a environ 150 000 ans. Adam était l'homme formé par Dieu (Genèse 2:7) et à qui fut donnée l'âme de vie (appelée נשמה en hébreu, Néshama). C'est à partir de la formation divine d'Adam que le calendrier hébreu compte les années.

Pour terminer ce chapitre, vous pouvez consulter les conclusions d'éminents scientifiques sur la Création. Cela tempérerait l'idée générale selon laquelle les scientifiques ne croient pas en l'existence de Dieu… Pour lire leurs déclarations, cliquez ici.

Pour revenir à la liste des générations chronologiques du Seder Olam Revisité, cliquez ici.

Albert Benhamou

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Adar 5785 - Mars 2025