Seder Olam Revisité: F09- Corruption

CHRONOLOGIE BIBLIQUE

Génération 09 : Années hébraïques 960 à 1080 (2800-2680 av. J.-C.)

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Introduction

L’humanité s’est progressivement corrompue par des pratiques abominables aux yeux de Dieu.

Culte des Morts

En Égypte, Hanoch finit par s’attirer des ennuis avec les souverains dont le siège se trouvait à Abydos, ou Thinis, près du Nil. Bien que la ville de Thinis soit mentionnée dans divers textes antiques, ses ruines n’ont jamais été retrouvées ; on suppose qu’elle se trouvait près d’Abydos.

L’ancienne religion égyptienne fut établie et la cosmologie égyptienne inventée. Selon leurs croyances, ils affirmaient que leur terre d'Égypte était l’emplacement du jardin d’Éden. Hanoch refusait de croire à leurs nouveaux dieux idolâtres et à leur façon de réécrire la Création pour mieux correspondre à leur vocation de souverains issus de Dieu. Par conséquent, il ne pouvait plus vivre parmi ce peuple avec son attitude rebelle. Mais ce qui lui arriva est unique :

Tous les jours de Hanoch furent de soixante-cinq ans et trois cents ans. Hanoch marcha dans la voie de Dieu. Et il ne fut plus. Parce que Dieu le prit. (Genèse 5:23-24)

Le texte ne précise pas que Hanoch mourut. C’est Dieu qui le retira du monde. Selon la chronologie biblique, cela se produisit en l’an hébreu 987 (2773 av. J.-C.). Mais que signifient il ne fut plus et le prit ? L’expression il ne fut plus signifie que son existence prit fin, c’est-à-dire que son âme se retira de son corps. Ainsi, ces deux expressions ensemble signifient que Dieu retira l’âme de Hanoch (sa Neshama) de son corps et abandonna son corps. Son corps, en fait, resta probablement intact pendant de longues années, bien qu’inerte. C’était comme si Hanoch n’était pas réellement mort (physiquement). Un événement aussi étrange a dû avoir une forte influence sur le peuple égyptien qui, contrairement à d’autres civilisations antiques, devint obsédé par la mort et l’idée qu’une vie existait après la mort. Certains historiens vont même jusqu'à affirmer que toute la civilisation égyptienne antique reposait sur un "culte de la mort". L'un d'eux affirme :

Aucune nation du monde antique n'a pris soin de ses morts avec autant d'attention que les Égyptiens ; leur attention aux morts dépassait de loin celle qu'ils portaient aux vivants. (Tirard, H.M., Le Livre des Morts, avec une introduction d'Édouard Naville, Londres, 1910, chapitre 1, page 13)

Ce n'est pas un hasard si cette pratique d'embaumement et de préparation des morts à l'au-delà est devenue beaucoup plus sophistiquée en Égypte que dans d'autres civilisations antiques. Le Livre des Morts égyptien est une compilation de ces rites et traditions funéraires qui remontent à l'Ancien Empire, qui débuta avec la IIIe dynastie, vers 2700 av. J.-C. Sans surprise, cette dynastie fut fondée par le pharaon Djéser, qui fut le premier à construire une pyramide en Égypte (il régna à partir d'environ 2690 av. J.-C.).

Pyramide de Djéser à Saqqarah, Égypte

Cela s'explique par le fait qu'ils avaient vu le corps d'un défunt, Hanoch, rester intact et ne pas se détruire pendant des centaines d'années après son "départ". Les Égyptiens pensaient donc que ce qui était vrai pour Hanoch pouvait être accompli pour d'autres hommes très importants. L'ambition des souverains était ensuite de préserver leur corps intact afin de continuer à vivre dans l'au-delà. À leur mort, ils atteindraient ainsi l'éternité. Suite au destin extraordinaire de Hanoch, les Égyptiens croyaient que la mort n'était qu'une transition, et non une fin :

Lève-toi, N[ut], tu ne mourras pas. (Textes des Pyramides, partie du Livre des Morts, Proverbe 373, verset 657e ; pour le lire en ligne, cliquez ici)

L'éternité devait au moins avoir l'apparence de l'éternité, c'est pourquoi ils ont développé et amélioré au fil du temps les techniques d'embaumement.

Culte des Morts en Égypte

Il existe peut-être une deuxième raison pour laquelle les Égyptiens considéraient Hanoch comme un exemple de vie après la mort : il mourut à l’âge de 365 ans, selon la Bible. Cette durée de vie fait écho aux 365 jours de l’année dans un système solaire (qui correspond au décompte du temps que suivaient les Égyptiens de l’Antiquité). Autrement dit, la mort n’était que la fin d’un cycle de vie (symbolisé par une année calendaire), une idée à partir de laquelle ils ont construit leur croyance en une vie après la mort avec des cycles ultérieurs.

Dans les écrits apocalyptiques ultérieurs, à partir du 1er siècle de notre ère, il est dit que Dieu prit Hanoch près de Lui et fit de lui l'ange Métatron pour témoigner de la méchanceté de ces générations lorsque le temps du jugement viendrait. Avec ses propres mots, Hanoch expliqua le point :

Il me répondit : "Car je suis Hanoch, fils de Jared."

Car lorsque les générations du Déluge péchèrent et furent confondues dans leurs actes, disant à Dieu : "Éloigne-toi de nous, car nous ne désirons pas connaître tes voies" (Job 21:14), alors le Saint, béni soit-Il, me retira du milieu d'eux pour être témoin contre eux au firmament, devant tous les habitants du monde, afin qu'ils ne disent pas : "Le Miséricordieux est cruel."

Quel péché ont donc commis toutes ces multitudes, leurs femmes, leurs fils et leurs filles, leurs chevaux, leurs mulets, leur bétail et leurs biens, et tous les oiseaux du monde, que le Saint, béni soit-Il, a tous détruits du monde avec eux dans les eaux du Déluge ?

C'est pourquoi le Saint, béni soit-Il, m'a retiré de leur vivant, sous leurs yeux, pour être témoin contre eux dans le monde futur. (Troisième Livre d'Hénoch, chapitre 4)

Métatron jouit d'un statut supérieur parmi tous les anges : il est aussi appelé l'Ange de l'Univers.

Inquiets de ce qui les attendait dans l'au-delà, les Égyptiens développèrent le culte des Morts pour préparer leurs dirigeants à la lutte qu'ils auraient à remporter. Ce texte montre également que le départ d'Hénoch est lié aux péchés et à la corruption de l'humanité. Et, à cause de l'humanité, les animaux et la terre furent également corrompus.

Corruption de l'humanité

En Canaan, Seth vécut jusqu'en l'an hébreu 1042 (2718 av. J.-C.) et exerça une grande influence sur Mathusalem, le gardant dans le chemin de Dieu. En raison de la courte vie de son père, Hénoch, Dieu fit vivre Mathusalem jusqu'à un âge avancé, soit 969 ans. Juste après la mort de Mathusalem, Dieu déclencha le Déluge, châtiment de l'humanité corrompue. Les raisons de la décision divine sont exposées dans Genèse 6, où le lecteur peut trouver un récit de la perversion morale de l'humanité :

Les Nephilim étaient sur terre à cette époque, et plus tard encore, lorsque les fils de Dieu s'unissaient aux filles de l'homme, qui leur donnaient des enfants. Ce furent des hommes puissants, de grande renommée. (Genèse 6:4)

Au tournant du premier millénaire, l'humanité tomba à son plus bas niveau, comme l'exprime le mot Nephilim (נְּפִלִים), qui signifie "ceux qui sont tombés". Ce terme fait référence à la décadence morale et est identique au visage de Caïn, qui "tomba" (נָפְלוּ) après le meurtre d'Abel (Genèse 4:6). Le parallèle entre les deux textes est particulièrement frappant en raison de la similitude des nombres de ces deux versets, comme si l'un faisait écho à l'autre : Genèse 4:6 pour Caïn qui tomba et Genèse 6:4 pour les Nephilim. Et, comme le texte mentionne que ces puissants personnages furent des hommes de grande renommée, on suppose généralement qu'ils, ou certains d'entre eux, survécurent à l'éradication voulue par Dieu : le Déluge.

Mais les animaux furent également détruits, corrompus par l'humanité par des pratiques abominables :

Dieu dit : "J'exterminerai de la surface de la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'au bétail, jusqu'aux reptiles et aux oiseaux du ciel, afin de me consoler de mes actes."

Mais Noé trouva grâce aux yeux de Dieu. (Genèse 6:7-8)

Grâce à la justice de Mathusalem et de Noé, Dieu reporta le moment du châtiment et décida également d'épargner Sa Création. Cependant, il décida de réduire la durée de vie de l'homme sur terre :

Dieu dit : "Mon esprit ne jugera plus jamais au sujet de l'homme, car il n'est que chair. Et ses jours seront de cent vingt ans." (Genèse 6:3)

Naissance de Noé

Noé naquit de Lémech en l'an hébreu 1056 (2704 av. J.-C.). C'était un homme juste, tout comme sa femme Naamah, fille de Lamech, qui avait quitté le pays de ses parents sumériens pour échapper au sort de nombreuses femmes de cette époque, victimes des hommes et des Nephilim.

Le nom Noé (נֹחַ) est dérivé du mot "confort" : son père le nomma ainsi car il espérait que ce nouveau-né les réconforterait des difficultés du travail de la terre, car Dieu avait condamné l'humanité depuis le péché originel d'Adam.

Mais, lorsqu'Adam mourut en l'an hébreu 930 (2830 av. J.-C.), 800 ans après avoir engendré Seth, ceux qui suivaient encore son exemple dans les voies de Dieu crurent peut-être que la fin du monde viendrait à sa mort. Car ils approchaient à grands pas du premier millénaire depuis la Création. Mais Dieu ne manifestait sa présence nulle part sur terre, ni à personne. L'humanité s'était gravement détournée de Son chemin : les quelques justes s'attendaient sûrement à un châtiment divin, bien pire que celui qu'Adam s'était attiré par le péché originel. Ainsi, leur moral était au plus bas après la mort d'Adam.

Mais, à la naissance de Noé, juste après le nouveau millénaire, la terre n'avait pas été détruite, comme les hommes l'avaient craint après la mort d'Adam. Leurs craintes s'étaient dissipées et laissaient place à un nouvel espoir : cela pourrait expliquer le nom de Noé, dérivé de "confort".

Et la naissance de Noé offrait une autre raison d'espérer : Adam mourut lorsque Lémech avait 56 ans, et Noé naquit de Lémech 56 ans après le début du nouveau millénaire. Lémech pensa peut-être que la naissance de Noé, survenue à une époque fortuite, pouvait être un signe que Dieu accorderait finalement à l'humanité la rédemption de la malédiction d'Adam. En d'autres termes, la naissance de Noé serait bel et bien perçue comme un signe de "réconfort" face aux épreuves endurées depuis le péché d'Adam.

Cette neuvième génération chronologique a fait le pont entre le premier millénaire, qui s'est achevé symboliquement avec la mort d'Adam, et une nouvelle ère d'espoir avec la naissance de Noé, un personnage qui a trouvé grâce aux yeux de Dieu. L'espoir qui a caractérisé cette neuvième génération est également symbolisé par les deux événements qui ont marqué son début et sa fin : elle a commencé avec le "départ" de Hanoch, qui a marché sur le chemin de Dieu, et s'est achevée avec "l'arrivée" de Noé, qui a trouvé grâce aux yeux de Dieu.

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Albert Benhamou

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