Seder Olam Revisité: F18- Isaac
- Albert Benhamou
- Mar 23
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Updated: 4 days ago
CHRONOLOGIE BIBLIQUE
Génération 18 : Années hébraïques 2040 à 2160 (1720-1600 av. J.-C.)
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Introduction
Dieu confirme son alliance avec Abram et permet à sa femme stérile, Saraï, d’avoir un enfant.
An 2047 – 1713 av. J.-C. – Dieu confirme son alliance avec Abram
Quelques années plus tard, quand Abram avait 99 ans, Dieu lui apparut de nouveau pour confirmer son alliance :
"Je suis le Dieu tout-puissant ; conduis-toi à mon gré, sois irréprochable, et je maintiendrai mon alliance avec toi, et je te multiplierai à l'infini." Abram tomba sur sa face, et Dieu lui parla de la sorte : "Moi-même, oui, je traite avec toi : tu seras le père d'une multitude de nations. Ton nom ne s'énoncera plus, désormais, Abram : ton nom sera Abraham, car je te fais le père d'une multitude de nations. Je te ferai fructifier prodigieusement ; je ferai de toi des peuples, et des rois seront tes descendants. Cette alliance, établie entre moi et entre toi et ta postérité dernière, je l'érigerai en alliance perpétuelle, étant pour toi un Dieu comme pour ta postérité après toi. Et je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession perpétuelle ; et je serai pour eux un Dieu tutélaire." (Genèse 17:1-8)
Comparée à la vision précédente, qui prévoyait de donner aux descendants d'Abraham tout le territoire, de l'Égypte à l'Euphrate, l'alliance se limite désormais à tout le pays de Canaan. Cela peut paraître contradictoire, mais ce n'est pas le cas : la majeure partie de la terre promise de la vision précédente, de l'Égypte à l'Euphrate, sera donnée à Ismaël, tandis que le pays de Canaan sera donné au fils qu'Abraham aura après Ismaël. Ainsi, l'héritage d'Abraham a été partagé entre les deux fils. C'est le premier "plan de partage" de la région !
Quant à la promesse que tu seras le père d'une multitude de nations, nul ne peut nier qu'Abraham, "un homme qui n'a gouverné aucun empire, commandé aucune armée, délivré aucune prophétie et accompli aucun miracle est devenu le personnage le plus influent de l'histoire de l'humanité", (c'est l'expression utilisée par le rabbin Lord Jonathan Sacks z”l dans un discours à l'AIPAC en 2013 ; pour écouter le discours en anglais de cette convention, cliquez ici). La Terre compte aujourd'hui environ 7 milliards d'habitants, dont 2,4 milliards se disent chrétiens et 1,6 milliards musulmans : donc plus de la moitié de la population mondiale se définit comme issue de l'héritage abrahamique. Il existe également environ 200 pays dans le monde (selon les Nations Unies), dont environ 55 sont musulmans, plus de 100 sont chrétiens et un État est juif (Israël). Parmi les quelques continents, toute l'Amérique est chrétienne, toute l'Europe et l'Australie sont chrétiennes, l'Afrique est en partie chrétienne et en partie musulmane, et l'Asie est majoritairement païenne, à l'exception du Moyen-Orient et de certains États d'Asie-Pacifique. Dieu a changé le nom d'Abram en Abraham pour lui donner un sens. Les noms ont-ils vraiment un tel rôle ? Un enseignement du Talmud le dit :
Comment savons-nous que le nom [d'une personne] détermine sa destinée ? — R. Éléazar a dit : L'Écriture dit : "Venez, contemplez les œuvres de l'Éternel, qui a semé des friches sur la terre (Psaumes 46:9)." Ne lisez pas "shamot" [friches], mais "shemot" [noms]. (Talmud, Berachot, 7b)
Le mot utilisé dans ce Psaume est bien שמות [noms] et non שממות [terres en friche].
Dieu ordonna alors à Abraham de circoncire tous les garçons huit jours après leur naissance, en signe d'acceptation de Son alliance :
"Ainsi, Mon alliance sera dans votre chair, comme une alliance perpétuelle. Si un homme est incirconcis et ne se fait pas circoncire, tu le retrancheras de son peuple : il a rompu Mon alliance." (Genèse 17:13-14)
Finalement, Dieu ordonna à Abraham d'appeler désormais sa femme Sarah, au lieu de Saraï, et lui dit qu'elle concevrait un fils qu'ils appelleraient Isaac. Concernant les deux fils d'Abraham, Dieu fit la déclaration suivante :
"Voici que Je l'ai béni [Ismaël], Je multiplierai sa descendance, et Je le multiplierai par héritage ; douze princes naîtront de lui, et Je les ferai former une grande nation. Mais Je maintiendrai mon alliance avec Isaac, que Sarah te donnera à cette époque l'année prochaine". (Genèse 17:20-21)
Abraham se circoncit, puis le fit pour son fils Ismaël ainsi que pour tous les serviteurs et esclaves de sa maison, le jour même où Dieu lui avait parlé. Ismaël avait alors 13 ans, ce qui explique pourquoi les musulmans, descendants spirituels d'Ismaël, circoncisent leurs fils à cet âge jusqu'à aujourd'hui. Pourtant, à proprement parler, ils ont reçu la bénédiction divine sans obligation de circoncision, celle-ci n'ayant été imposée qu'à la descendance d'Isaac, en signe d'acceptation de Son alliance. Mais Ismaël, ayant été circoncis comme le reste de la famille masculine d'Abraham, cette tradition s'est perpétuée dans sa descendance.
Année 2047 – 1712 av. J.-C. – Destruction de Sodome et Gomorrhe
La destruction eut lieu le 15 Nissan de l'an hébreu 2047. Il est en effet mentionné que les deux des trois anges envoyés par Dieu pour s'adresser à Abraham descendirent à Sodome ce jour-là et y furent accueillis par Lot qui leur prépara un repas composé de pain sans levain, les matsot (Genèse 19:3). Dieu avait décidé de détruire les villes de Sodome et Gomorrhe, situées dans la vallée de Siddim, à cause de leurs mauvaises mœurs, contraires à la nature. Le nom de Sodome a certainement donné son nom à la vallée de Siddim, comme mentionné dans la génération précédente. Le mot sodomie est dérivé du nom de la ville de Sodome : cet acte sexuel fut officiellement interdit dans l'Empire romain, d'après le récit biblique, par l'empereur Justinien en 559 apr. J.-C. (source : Novelle de Justinien, numéro 141, pour le texte en anglais, cliquez ici ).
Les archéologues ont recherché des preuves de destructions massives dans la région. Certains sont convaincus que le site de Tall el-Hammam pourrait bien contenir la clé, car il s'agit d'un site daté de l'âge du Bronze Moyen qui présente les traces d'un "incendie intense et ardent qui a réduit la ville […] en ruines calcinées". Des murs de cette cité antique ont été retrouvés sous un mètre de cendres ! Pour en savoir plus sur la théorie de Tall el-Hammam, lisez l'article de Steven Collins, Où est Sodome ? Le cas de Tall el-Hammam, paru dans la Biblical Archaeology Review, mars-avril 2013, p. 32-41.

Loth et ses filles s'enfuirent vers la ville de Tsoar, sur ce qui deviendra le territoire de Moab (aujourd'hui en Jordanie). Ceci laisse penser que la Sodome biblique était du côté sud de la vallée de la Mer Morte actuelle et non au nord, comme c'est le cas du site de Tall el-Hammam. Chacune des deux filles eut un fils de leur père, dans un cas rare d'inceste dans la Bible :
L'aînée donna naissance à un fils qu'elle nomma Moab (מואב), ancêtre des Moabites jusqu'à nos jours. La cadette donna également naissance à un fils qu'elle nomma Ben-Ammi (בן-עמי), ancêtre des Ammonites jusqu'à nos jours. (Genèse 19-37-38)
Les lois interdisant l'inceste n'étaient pas établies au moment de la procréation des filles de Loth avec leur père, mais elles étaient néanmoins considérées comme des transgressions sexuelles dans les lois noachides, et même dans les codes mésopotamiens (celui de Hammurabi par exemple). Les filles désiraient continuer la race humaine, et ne s'attendaient pas à trouver un mari après avoir fui leur ville : elles pensaient plutôt que le monde entier avait été détruit par le feu ! Elles avaient donc enivré leur père pour s'unir à lui à son insu.
Étrangement, le chapitre 19 de la Genèse commence par le récit des péchés sexuels des Sodomites, ce qui causa leur destruction, et se termine par le péché sexuel des filles de Lot, de qui viendra la Rédemption finale. En effet, le Messie sera un descendant du roi David, lui-même descendant de Ruth la Moabite, dont l'ancêtre était Moab, le fils issu de l'acte incestueux commis par la fille de Lot.
Un même chapitre pour les deux histoires de péchés pourrait montrer que, lorsque Dieu décide de punir l'humanité pour ses péchés, Il crée en même temps la racine de sa rédemption.
Le nom Moab signifie "du père", donc approprié dans ce cas, et le nom Ben-Ammi signifie "fils de mon peuple". Le royaume de Moab était situé à l'est de la mer Morte, tandis que le royaume d'Ammon se trouvait également sur la rive orientale du Jourdain, au nord de Moab.
Abraham et Sarah, quant à eux, allèrent séjourner à Guérar, au sud de Canaan, dans ce qui allait devenir le pays des Philistins. Leur rencontre avec leur roi cananéen Avimélech déboucha sur une alliance. Avimélech fonda une dynastie de rois dans ce pays. Le nom Avimélech signifie Père du roi et est mentionné quelques siècles plus tard dans des lettres d'Amarna sous la forme d'Abimilku (ces lettres d'Amarna concernaient un descendant d'Avi-Mélek, qui portait le même nom dynastique).
Année 2048 – 1712 av. J.-C. – Naissance d'Isaac
Lorsqu'Abraham eut 100 ans, en l'an hébreu 2048 (1712 av. J.-C.), sa femme Sarah donna naissance à un fils, Isaac. Selon la tradition juive, Isaac naquit un jour du Nouvel An, Roch Hachana. C'était la même année, 1712 av. J.-C., que la destruction de Sodome au mois de Nisan. Cette année hébraïque 2048 coïncidait également avec 52 ans de la Dispersion (Tour de Babel) et 26 ans de la première conversation de Dieu avec Abraham à Charran : 52 est le double de 26, le nombre de Dieu, ce qui témoigne de la présence de la volonté divine dans ces trois événements (Dispersion, contact de Dieu avec Abraham, naissance d'Isaac).
La naissance d'Isaac marque la troisième tentative de Dieu pour trouver un représentant sur terre pour Sa création. En effet, Isaac était la 21ème génération humaine depuis Adam : 1-Adam > 2-Seth > 3-Enosh > 4-Kénân > 5-Mahalalel > 6-Yéred > 7-Hanoch > 8- Mathusalem > 9-Lemech > 10-Noé > 11-Sem > 12-Arpachshad > 13-Shelah > 14-Éber > 15-Reu'> 16-Péleg > 17-Shéroug > 18-Nachor > 19-Terach > 20-Abraham > 21- Isaac.
Dès la 7e génération humaine, avec Hanoch qui marchait sur le chemin de Dieu, et à la 14e génération humaine avec Eber, nous avons vu que Dieu tentait de réveiller son essence dans l'humanité. Maintenant, lors de sa troisième tentative, il a assuré à Abraham une descendance de sa femme Sarah, et
On a pu voir précédemment (voir document F16, de la 16e génération chronologique) l'importance symbolique des générations humaines multiples de 7 (pour la symbolique juive des nombres, cliquez ici). Déjà à la 7e génération humaine depuis Adam, un personnage, Hanoch, marchait dans les voies de Dieu (voir document F09), et nous avons vu la tentative de Dieu de réveiller Son esprit à travers lui dans l'humanité. Éber, 14è génération humaine, représenta Sa 2e tentative (14 est deux fois 7), et de lui naîtra le peuple, les Hébreux, que Dieu a plus tard choisi pour porter Son message dans l'humanité. Et ici, à la 21e génération humaine (21 est trois fois 7), Dieu met en oeuvre Son plan en donnant un héritier spirituel à Abraham pour accomplir ce plan. Dieu veillera toujours sur la vie d'Isaac, qui est né et est mort en Terre Promise, sans jamais la quitter. La vie d'Isaac sera consacrée à la poursuite de la mission divine initiée par son père et, en récompense, elle sera pratiquement exempte de conflits et de problèmes.
Année 2051 – 1710 av. J.-C. – Abraham renvoie Agar et Ismaël
Lorsqu'Isaac fut sevré, Sarah craignit que son demi-frère aîné, Ismaël, ait une mauvaise influence sur lui et, pire encore, qu'il finisse par le tuer (Ismaël apprit à manier l'arc et les flèches). Certains commentateurs bibliques supposèrent que la perversion avec Ismaël était plutôt d'ordre sexuel, tandis que d'autres le supposèrent enclin à l'idolâtrie, comme sa mère Agar.
Sara demanda à Abraham de renvoyer Agar et son fils Ismaël. Mais Dieu veilla sur eux :
Dieu fut avec le jeune homme [Ismaël] et il grandit ; il s’installa dans le désert et devint un expert en tir à l’arc. Il habita dans le désert de Paran [un désert du Néguev méridional, en Israël], et sa mère prit pour lui une femme d’Égypte. (Genèse 21:20-21)
Ismaël, cependant, se repentit de son comportement initial envers Isaac, tout comme Agar envers Sarah. C’est pourquoi Dieu vit ce repentir et lui accorda une "nouvelle" vie de 120 ans à compter du moment où Il lui accorda Sa protection. Ismaël mourut en an hébreu 2171 (voir document F19a suivant) ainsi 120 ans après avoir été renvoyé par son père et ne défiera plus jamais Isaac.
Année 2074 – 1686 av. J.-C. – La ligature d'Isaac
Le texte biblique ne précise pas la date de la ligature d'Isaac (appelée עקדת יצחק en hébreu, prononcée Akédah), mais elle est relatée en Genèse 22, après les événements entre Abraham et Abimélech (Genèse 21), et avant la mort de Sara (Genèse 23). Le dernier verset de Genèse 21 indique qu'Abraham séjourna de nombreux jours au pays des Philistins (Avimélech) (Genèse 21:34). Pourquoi des jours et non des années, comme c'était le cas en réalité ? Il s'agit de nous faire comprendre que la durée du séjour au pays des Philistins était comptée comme une durée divine, à savoir que les années humaines sont comme des "jours" pour Dieu. La raison pour ceci est que ce chapitre traite de l'intervention de Dieu dans la vie d'Abraham pour faire quelque chose pour Lui. C'est pourquoi la durée avant que Dieu ne parle à nouveau à Abraham était basée sur les jours divins. La valeur numérique du nom de Dieu (le tétragramme) étant 26, nous supposons ici qu'Abraham a séjourné 26 ans à Guérar jusqu'à ce que Dieu l'appelle à "sacrifier" Isaac. Comme Abraham est descendu vers le sud, à Guérar, dans l'année de la naissance d'Isaac, l'année du sacrifice d'Isaac serait donc 2048 + 26 = 2074.
Ce calcul n'est pas prouvé, mais il est logique si l'on considère que les principaux appels de Dieu à Abraham ont eu lieu tous les 26 ans depuis la Dispersion (Tour de Babel) :
1996 : Dispersion (cet événement pourrait avoir eu lieu le 1er Tishri) ; le texte biblique ne précise pas la date, mais utilise des expressions rares telles que descendons, confondons, etc. (Genèse 11:7), qui peuvent être mises en parallèle avec la création d'Adam et Faisons l'homme à notre image (Genèse 1:26). Or la création d'Adam a eu lieu le 1er Tishri de l'an 1.
1996+26= 2022 : Abram quitte Charran le 1er Tishri, après avoir été appelé par Dieu quelques jours plus tôt, au mois d'Eloul.
2022+26= 2048 : Naissance d'Isaac le 1er Tishri, après que Dieu l'eut annoncée à Abraham le 14 Nisan 2047.
2048+26= 2074 : Ligature d'Isaac, également le 1er Tishri selon la Tradition (par exemple dans le texte de Pesikta Rabbati 40). Isaac avait donc 26 ans au moment de cet événement.
Mais il existe d'autres points de vue sur cette question. Selon le calcul effectué par le Seder Olam Rabbah, l'Akédah a eu lieu à la même période que la mort de Sarah, qui, craignant la mission d'Abraham de ce sacrifice réclamé, avait poursuivi son mari et son fils, mais était morte en chemin, à Hébron où Abraham l'avait enterrée. Dans ce cas, l'Akédah aurait eu lieu en 2085 (voir ci-dessous pour la mort de Sarah), alors qu'Isaac aurait 37 ans.
Quoi qu'il en soit, la date exacte de l'Akédah n'a pas d'importance considérable pour la suite de la chronologie. Ce qui est important, c'est que l'Akédah fut le dernier appel de Dieu à Abraham. En effet, la seule autre fois où une intervention divine fut faite à Abraham, elle ne provint pas de Dieu lui-même, mais d'un ange envoyé à Abraham (Genèse 22:15). Pourquoi Dieu n'a-t-il plus jamais parlé à Abraham après l'Akédah ? Abraham avait immédiatement obéi à l'ordre divin de sacrifier son bien le plus cher, son propre fils, sans discuter ni tenter de Le faire changer d'avis, comme il l'avait fait pour épargner les gens de Sodome !
Année 2083 – 1677 av. J.-C. – Mort de Terah à Charran
Terah, père d'Abraham, vécut 205 ans et mourut à Charran en l'an hébreu 2083 (Genèse 11:32). Milca, qui avait épousé Nachor (voir document F17), frère d'Abraham, eut huit fils : son dernier fils, Bethuel, eut une fille nommée Rébecca (Genèse 22:20-23). Ils vivaient à Aram-Naharayim, près de Charran. Le nom Aram-Naharayim signifie "Aram des deux fleuves". Il se pourrait que la ville se trouve dans l'actuelle ville d'Al-Busayrah, au nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, effectivement au confluent de deux fleuves : l'Euphrate et le Khabour. Au nord de cet endroit se trouve la vaste oasis de Harran, l'ancienne Charran biblique.

Il est possible qu'Abraham se trouvait à Charran au moment du décès de son père Térah, si un messager ou un serviteur lui avait été envoyé pour assister aux derniers instants de son père. Il l'aurait ensuite enterré, car Abraham était son fils aîné. On peut le supposer car le texte biblique mentionne qu'après ces événements (l'Akédah et les derniers instants de son père), Abraham fut informé des détails de la descendance de son frère cadet Nachor (Genèse 22:20-24). Abraham, apprenant ces événements, se serait alors rendu à Charran pour être auprès de son père.
Rébecca, la future épouse d'Isaac, est également mentionnée à la fin du chapitre de l'Akédah (Genèse 22:23), ainsi qu'après ces événements et avant le chapitre suivant concernant la mort de Sarah (Genèse 23). On peut donc supposer que Rébecca est née après l'Akédah (an 2074) et avant la mort de Terah (an 2083). La détermination de cette année incertaine de naissance est tentée plus en détail ci-dessous.
An 2085 – 1675 av. J.-C. – Mort de Sarah
En l'an hébreu 2085, Sarah mourut à l'âge de 127 ans à Kiriat-Arba, l'actuelle Hébron (Genèse 23:1). Abraham avait alors 137 ans et leur fils Isaac 37 ans. À cette époque, Canaan était sous le contrôle des fils de Heth, les Hittites (Genèse 23). Abraham paya 400 sicles d'argent pour l'achat d'un lieu de sépulture, dans la vallée en bas de l'ancienne ville d'Hébron. À cette époque, les villes cananéennes étaient toujours construites au sommet de collines, à des fins défensives, tout en étant proche d'un accès à une source d'eau. Le site de Tell Rumeida, près d'Hébron, est l'emplacement de l'ancienne Hébron. Le lieu de sépulture comprenait une grotte souterraine.

Ce mode d'enterrement, dans une grotte souterraine fermée par une grosse pierre, est typique de la période du Bronze Moyen et du Bronze Final. De nombreuses tombes de ce type, "puits funéraire", ont été découvertes en Terre d'Israël datant à cette époque. La sépulture décrite dans la Bible est donc bien contemporaine des découvertes archéologiques datées de cette période.

Selon la Tradition, le lieu choisi par Abraham était celui où furent enterrés Adam et Ève, ce qui explique son choix et son insistance à le payer lorsque le propriétaire du terrain, Éphron le Hittite, voulut le lui offrir (Genèse 23). Les noms Macpéla et [Kiriat] Arba l'expliquent, car Macpéla signifie double (couple, paire) et Arba signifie quatre :
La grotte de Macpéla. Rab et Samuel divergent quant à sa signification. L'un soutient que la grotte était composée de deux chambres, l'une dans l'autre ; l'autre qu'elle comprenait une chambre inférieure et une chambre supérieure. Selon celui qui soutient que les chambres étaient superposées, le terme "machpéla" est tout à fait justifié. Mais selon celui qui soutient qu'elle était composée de deux chambres l'une dans l'autre, quelle pourrait être la signification de "machpéla" ? Qu'elle abritait plusieurs couples.
Mamré, la ville de [Kiriat] Arba. R. Isaac explique : La ville des "quatre" couples : Adam et Ève, Abraham et Sarah, Isaac et Rébecca, Jacob et Léa. (Talmud, Eiruvin 53a)
Année 2088 – 1672 av. J.-C. – Union d'Isaac et de Rébecca
Après la mort de Sara, Abraham envoya son vieux serviteur, Éliézer le Damascène, à Charran afin de trouver une épouse convenable pour Isaac, car il ne voulait pas que son fils prenne une femme parmi les Cananéennes. Dieu guida le serviteur vers la ville d'Aram-Naharayim, auprès de Rébecca, fille de Bethuel, fils de Milca et de Nachor, frère d'Abraham. Rébecca avait un frère nommé Laban.
Après avoir reçu tous les présents d'or et d'argent qu'Abraham avait envoyés à la famille de la jeune fille choisie, son frère Laban et sa mère Milca intervinrent et voulurent retarder le départ de Rébecca d'au moins dix jours. Mais Rébecca décida de ne pas retarder son départ et de suivre le serviteur d'Abraham (Genèse 24:55-58). La famille de Rebecca lui donna alors la bénédiction suivante :
Ils bénirent Rebecca et lui dirent : "Notre sœur, sois mère de milliers de myriades et puisse ta descendance conquérir la porte de ceux qui les haïssent." (Genèse 24:60)
Isaac attendait à la frontière nord du pays de Canaan le retour du vieux serviteur et de la jeune fille choisie. La première rencontre avec l'épouse destinée fut placée sous le signe de la simplicité, de la modestie et de la chasteté :
Isaac sortit méditer dans les champs au début de la soirée. Il leva les yeux et vit des chameaux arriver. Rebecca leva les yeux, aperçut Isaac et s’inclina sur le chameau. Elle dit au serviteur : "Qui est cet homme qui marche vers nous dans les champs ?" Le serviteur répondit : "C’est mon maître." Elle prit le voile et se couvrit. Le serviteur raconta à Isaac tout ce qu’il avait fait. Isaac l'amena à la tente de sa mère Sara, et il prit Rebecca qui devint sa femme. Il l'aima, et Isaac se consola de [la perte de] sa mère. (Genèse 24:63-67)
Cette union eut lieu alors qu'Isaac avait 40 ans (Genèse 25:20), soit en 2088. Le nombre 40 est un symbole numérique de maturité : dans le cas d'Isaac, cela signifie qu'il devait être majeur avant de pouvoir mériter une épouse aussi digne que Rebecca (pour la symbolique juive des nombres, cliquez ici).
Comme Rebecca est née entre l'Akédah (an 2074) et la mort de Terach (an 2083), elle avait entre 5 et 14 ans en l'an 2088. On peut cependant que, comme elle fut prise oour épouse, Rebecca devait avoir 14 ans (âge de maturité) et donc qu'elle était bien née au moment de l'Akédah.
Les Tosafoth (commentaires de l'époque médiévale) s'accordent aussi sur l'âge de 14 ans de Rébecca car, d'après les commentaires du Sifré : Il n'épousera pas une femme incapable de procréer (Talmud Yevamoth 61b). Ainsi, le fait qu'Isaac ait épousé Rébecca signifie qu'elle était capable de procréer à ce moment-là.
Mais il existe une divergence d'opinion notable : le Seder Olam Rabbah a retenu que Rébecca avait 3 ans (!) lorsqu'elle a épousé Isaac. Ceci afin de s'adapter à la chronologie suivie par l'auteur du Seder Olam Rabbah. Le problème réside dans l'âge d'Isaac au moment de l'Akédah. La tradition rapporte qu'Abraham fut informé de la naissance de Rébecca à cette époque. Ainsi, le Seder Olam Rabbah, considérant qu'Isaac avait 37 ans au moment de l'Akédah, et que, comme la Bible l'indique, il avait 40 ans lorsqu'il a épousé Rébecca, cela signifie que Rébecca avait 3 ans ! Si l'on suit les Tosafoth et la chronologie de cette étude, Isaac avait 26 ans au moment de l'Akédah et s'étant marié à 40 ans, Rébecca avait 14 ans.
Abraham était devenu veuf et les traditions juives invitent tout veuf, homme ou femme, à ne pas rester seul après un mois de deuil, mais à trouver une autre épouse. Il prit donc une autre épouse, Ketura, après l'union d'Isaac et de Rébecca. Selon les commentaires juifs, Ketura était Agar, qui avait abandonné son idolâtrie après que Dieu les eut sauvés, elle et son fils Ismaël, d'une mort certaine, et elle était restée chaste après son retour au service d'Abraham et de Sarah. Elle lui donna les fils suivants :
Zimran
Yokshan, qui engendra Saba et Dedan ; Dedan engendra les Assurim, les Letushim et les Leummim.
Médan
Madian s'installa dans la péninsule du Sinaï (nous le savons grâce à l'histoire de Moïse, plus tard dans cette chronologie) et engendra Eiphah, Epher, Hanokh, Aviyda’, Elda’ah.
Ishbak
Shuah
Mais Abraham considérait Isaac comme son seul héritier spirituel, comme Dieu le lui avait dit. Isaac naquit en Canaan et ne quittera jamais le pays de Canaan. Pour éviter d'éventuels conflits, Abraham éloigna de son héritier Isaac ses descendants par Ketura/Agar vers l'est. Selon certains commentateurs, ils donnèrent naissance aux Chinois et à d'autres nations asiatiques.
Abraham donna tout ce qu'il possédait à Isaac. Et aux fils de sa concubine, Abraham leur offrit des présents et les renvoya de son vivant loin de son fils Isaac, vers l'est, vers son ancien pays [en Mésopotamie]. (Genèse 25:5-6)
An 2108 – 1652 av. J.-C. – Naissance de Jacob et d'Ésaü
Pendant ce temps, Rébecca, jeune lorsqu'elle rencontra Isaac, ne tomba pas enceinte de sitôt. En réalité, elle était stérile (Genèse 25:21). Après qu'Isaac eut prié Dieu, elle accoucha finalement 20 ans après leur union : Isaac avait alors 60 ans. Elle donna naissance à des jumeaux non identiques, comme Dieu le lui avait annoncé :
"Deux nations sont dans ton ventre, et deux nations sortiront de tes entrailles, l'une plus puissante que l'autre. Et l'aînée servira la plus jeune." (Genèse 25:23)
Rébecca donna naissance à deux garçons. Le premier naquit roux et très poilu : il fut appelé Ésaü (עֵשָׂו), ce qui signifie "poilu". Le deuxième sortit en s'accrochant au talon de son frère et fut nommé Jacob (יַעֲקֹב), ce qui signifie "qu'il suit".
Jacob représentait la 22e génération humaine depuis Adam. Son père Isaac était la 21e, signe d'une intervention divine en sa faveur. Le nombre 21 est égal à trois fois 7. Le 7 symbolise l'intervention divine et le 3 l'achèvement du cycle (pour la symbolique juive des nombres, cliquez ici).
Mais la 22e génération est tout aussi significative en raison du nombre 22, associé aux 22 lettres de l'alphabet hébreu, transmis au peuple juif et, à travers lui, à l'humanité par l'intermédiaire des Phéniciens puis des Grecs (pour en savoir plus sur l'origine des alphabets, voir le document F23b). La naissance de Jacob marqua donc un tournant dans l'humanité et le début de nouvelles révélations divines, après les périodes de ténèbres qui prévalurent jusqu'à son apparition dans le monde.
An 2123 – 1637 av. J.-C. – Mort d'Abraham
Les deux garçons grandirent différemment : Ésaü devint un chasseur vivant aux champs, tandis que Jacob était un homme plus simple, vivant et étudiant sous des tentes. Un soir, Ésaü revint des champs, bredouille et affamé, et demanda à son frère de lui servir ce plat rouge (הָאָדֹם הָאָדֹם הַזֶּה) : c'est pourquoi Ésaü fut aussi appelé Édom (אדום).
Jacob dit : "Vends-moi d'abord ton droit d'aînesse."
Ésaü dit : "Voici, je risque de mourir, alors à quoi me sert un droit d'aînesse ?"
Jacob dit : "Jure-le-moi dès maintenant", et il le lui jura. Et il vendit son droit d'aînesse à Jacob. Jacob servit à Ésaü du pain et un ragoût de lentilles. Il mangea et but, puis se leva et partit. Ésaü avait ainsi rejeté le droit d'aînesse. (Genèse 25:31-34)
La tradition juive raconte que Jacob préparait un ragoût de lentilles parce que son grand-père Abraham venait de mourir : les lentilles sont le repas des endeuillés. Ésaü, indifférent à la mort d'Abraham, se rendit aux champs pour chasser comme si de rien n'était, à un moment où de nombreuses personnes, dont Ismaël, s'étaient rassemblées au camp familial pour pleurer la mort d'Abraham, qu'ils savaient guidé par Dieu.
Abraham expira, et mourut dans une heureuse vieillesse, âgé et rassasié de jours ; et il fut réuni à son peuple. (Genèse 25:8)
Abraham vécut encore 38 ans après la mort de Sarah et mourut à l'âge de 175 ans, en 2123. Ésaü et Jacob avaient alors 15 ans. Certains commentateurs affirment qu'il était censé vivre jusqu'à 200 ans. Mais, anticipant qu'Ésaü se tournerait vers le mal après l'âge de 15 ans, il préféra ne pas être en vie et assister à ce changement.
Abraham fut enterré dans la grotte de Macpéla, près de sa femme Sarah.

2126 – 1634 av. J.-C. - Mort de Shéla
La mort d'Abraham fut suivie de celle de son ancêtre Shéla, en l'an hébreu 2126.
2148 – 1612 av. J.-C. – Ésaü épouse des Cananéennes
À l'âge de 40 ans, en l'an hébreu 2148, Ésaü épousa deux femmes hittites. L'une s'appelait Judith et l'autre Basmath. Elles créèrent des tensions entre Isaac et Ésaü.
Année 2158 – 1602 av. J.-C. – Mort de Sem, fils de Noé
Sem, le sage Melki-Tzedek qui vivait à Salem (la future Jérusalem), mourut en 2158, après 600 ans de vie. Il fut le dernier témoin vivant du Déluge. Il avait transmis toute sa connaissance de Dieu à Abraham, Isaac et Jacob au cours des dernières années de sa vie. Jacob avait 50 ans à la mort de Sem.
Vers 2160 – 1600 av. J.-C. – Le Déluge dans les écrits anciens
Avec la mort des derniers témoins du Déluge, certains ont ressenti le besoin de consigner par écrit les récits qu'ils avaient entendus. Ces récits, et surtout des légendes, racontaient l'apparition de l'humanité (la Création) et sa survie face à la destruction (le Déluge).
Au XIXe siècle, des archéologues ont découvert dans la bibliothèque d'Assurbanipal, dans l'ancienne Ninive, de nombreuses tablettes cunéiformes contenant ces récits. Les plus anciennes datent de la période entourant la mort de Sem et sont connues sous le nom d'Épopée d'Atrahasis (probablement la plus ancienne d'entre elles), de Genèse d'Eridu (Eridu était une cité-État voisine d'Ur), d'Enuma Elish et d'Épopée de Gilgamesh. L'Enuma Elish est composée de sept tablettes racontant l'histoire de la Création ; ces tablettes sont datées du VIIe siècle avant J.-C., mais le texte aurait été composé bien plus tôt, peut-être à l'époque d'Hammurabi.

Voici un extrait du texte de cette tablette, concernant le Déluge :
[...] le déluge est survenu.
Sa puissance s'est abattue sur les peuples comme une bataille,
une personne n'a pas vu l'autre,
ils ne pouvaient pas se reconnaître dans la catastrophe.
Le déluge s'abattait comme un taureau,
Le vent résonnait comme un cri d'aigle.
L'obscurité était dense, le soleil avait disparu,
[...] comme des mouches.
la clameur du déluge.
(Épopée d'Atrahasis, III:5-20)
Le British Museum possède une collection de plus de 30.000 tablettes retrouvées dans les ruines de l'ancienne Ninive (aujourd'hui Mossoul au Kurdistan, dans le nord de l'Irak).
Ces récits anciens de la Création et du Déluge sont comparables à ceux de la Bible. Cependant, avec la disparition des témoins et le passage du temps, le récit de la Création a naturellement été déformé dans la mémoire de l'humanité. Quant au Déluge, la situation est différente, car il fait écho au récit biblique. Bien que certains historiens pensent que ces similitudes sont fortuites, ces récits contiennent des détails qui ne peuvent être le fruit du hasard, nés de la pure imagination humaine. Par exemple, outre le fait que la destruction du monde ait été provoquée par un "déluge" dans tous ces récits, voici quelques détails inhabituels, également communs à la Bible :
Le bateau (ou l’arche) transportant Noé et ses disciples s’arrêta sur une montagne.
Pour vérifier le niveau des eaux, Noé attendit sept jours, puis envoya une colombe qui revint vers lui : ces détails se retrouvent également dans l’Épopée de Gilgamesh.
Noé envoya ensuite un corbeau qui ne revint pas. Il sut alors que le niveau des eaux avait baissé.
Sur le mont Nimuš, le bateau resta solidement ancré.
Le mont Nimuš maintint le bateau, l’empêchant de tanguer.
Un jour, puis un autre, le mont Nimuš maintint le bateau, l’empêchant de tanguer.
Un troisième jour, puis un quatrième, le mont Nimuš maintint le bateau, l’empêchant de tanguer.
Un cinquième jour, puis un sixième, le mont Nimuš maintint le bateau, l’empêchant de tanguer.
Quand arriva le septième jour,
J'envoyai une colombe et la libérai.
La colombe s'éloigna, mais revint vers moi ;
Aucun perchoir n'était visible, alors elle tourna vers moi.
J'envoyai une hirondelle et la libérai.
L'hirondelle s'éloigna, mais revint vers moi ;
Aucun perchoir n'était visible, alors elle tourna vers moi.
J'envoyai un corbeau et le libérai.
Le corbeau s'éloigna et vit les eaux refluer.
Elle mange, elle gratte, elle flotte, mais ne revient pas vers moi.
(Épopée de Gilgamesh, tablette XI, source Livius.org)
Dans une autre tablette, découverte en 2014 et traduite par Irving Finkel, l'Arche est décrite comme ayant une forme ronde, bien qu'il s'agisse d'une légende imitant le concept de coracle flottant largement utilisé en Mésopotamie à l'époque :
Sur un plan circulaire ; que sa longueur et sa largeur soient égales. (Articles de presse du 19 janvier 2014 ; un article est disponible en ligne en cliquant ici)

Les nombreux détails communs entre la Bible et les récits rapportés ne peuvent être le fruit de multiples coïncidences, à moins de vouloir défier les lois des probabilités ! Le fait est que ces récits relatent le même événement, et ce fait n'est pas sérieusement contesté. La question est de savoir s'il s'agit d'une catastrophe "locale" (tempête, tsunami, etc.) ou d'un événement "global" ayant touché la planète entière. La Bible et ces récits, présents dans de multiples cultures, corroborent cette dernière hypothèse (pour en savoir plus, cliquez ici)
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Albert Benhamou
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