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Albert Tours Blog-  A Licensed Tour Guide - Israel

Les frontières de la Terre d'Israël

La Terre d'Israël, connue sous le nom d'Eretz Israël pour les Juifs, de terre promise pour les biblistes, ou de terre sainte pour les Chrétiens, a eu différentes frontières mentionnées dans la Bible. Et au-delà du récit biblique, l’histoire de ces frontières se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Voici un aperçu des différentes phases.



La promesse de Dieu à Abraham

L'histoire clé commence avec le chapitre de Genèse 12 : Dieu a demandé à Abraham de quitter la maison de son père à Haran et d'aller dans le pays que je te montrerai (Genèse 12:1). Lorsqu'Abraham atteignit la terre promise, occupée en ce temps par les peuples cananéens, il fit trois arrêts pour parcourir ce que Dieu avait promis à sa descendance : Je donnerai ce pays à ta postérité. (Genèse 12 : 7). Les trois arrêts étaient : (1) au térébinthe de Moreh, près de Sichem (aujourd'hui Naplouse), (2) à Beth-El, et enfin (3) près d'Hébron. Ces escales le conduisirent sur les plus hauts sommets de ce qui sera connu sous le nom de Samarie et de Judée, d'où il put voir toute la terre promise, depuis la vallée du Jourdain jusqu'à "la grande mer" (la Méditerranée). Cet axe nord/sud à travers les sommets de ces régions est désormais connu sous le nom de Route des Patriarches. Pour plus d’informations sur les lieux où Abraham a marché et vécu, suivez ses traces en cliquant ici.


Plus tard, Dieu lui donne des limites plus précises : À ta postérité j'ai donné ce pays, depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, l'Euphrate ; les Kéniens, les Kéniziens, les Kadmonites, les Hittites, les Périzzites, les Rephaïm, les Amoréens, les Cananéens, les Guirgashites et les Jébusites. (Genèse 15 : 18-21). En d’autres termes, la terre promise s’étendait du Nil jusqu’à l’Euphrate, couvrant une grande partie des terres reliées au sein de ce qu’on appelle le Croissant Fertile. La Terre d'Israël et le Levant forment un « pont » entre trois continents : l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Il s’agit d’une disposition géographique unique sur Terre.

Le Croissant Fertile

Certains des territoires mentionnés dans ces versets sont historiquement connus. Par exemple, les Hittites étaient un peuple du nord de la Syrie et de l’Asie Mineure qui régnait sur Canaan à l’époque des patriarches jusqu’à ce que les Égyptiens leur prennent cette terre au 15ème siècle avant notre ère. Les Amoréens étaient un peuple qui vivait dans ce que l’on appelle aujourd’hui la Basse-Judée. Les Jébuséens vivaient sur ce qui est aujourd'hui Jérusalem, plus précisément la Cité de David. Les Cananéens vivaient principalement le long des côtes d'Israël et du Liban (le nom Canaan vient de la couleur bleue très recherchée, extraite d'un escargot de mer ; les Grecs traduisirent plus tard Canaan en Phénicie qui est aussi le nom de cette couleur). Leur mélange avec les Peuples de la Mer, des étrangers venus des îles méditerranéennes et installés le long de la côte de Canaan, a donné le nom à ce que l'on appelle les Philistins (qui signifie « envahisseurs » en hébreu).


Dieu réitéra sa promesse à Abraham : Et je te donnerai, à toi et à ta postérité après toi, le pays de ton séjour, tout le pays de Canaan, en possession éternelle ; et je serai leur Dieu. (Genèse 17:8)


Finalement, Dieu confirma aussi sa promesse au patriarche Jacob : Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. Le pays sur lequel tu résides, je le donnerai à toi et à ta postérité. Et ta semence sera comme la poussière de la terre, et tu te répandras à l'ouest, à l'est, au nord et au sud. Et en toi et en ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre. Et voici, je suis avec toi, et je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays ; car je ne te quitterai pas avant d'avoir fait ce dont je t'ai parlé. (Genèse 28:13-15)



Frontière donnée aux Israélites

Lorsque les Hébreux sont sortis d’Égypte, ils sont passés du statut de peuple asservi (les Hébreux) à celui d'une nation libre (les Israélites) à qui Dieu a donné une loi à suivre (la Torah). Il répéta ensuite la promesse qu'il avait faite à leurs ancêtres concernant le pays où ils devaient s'établir : Et je fixerai ta frontière depuis la mer Rouge jusqu'à la mer des Philistins, et depuis le désert jusqu'au fleuve ; car je livrerai entre tes mains les habitants du pays ; et tu les chasseras devant toi. (Exode 23:31)


Plus loin, il donne plus de détails sur les frontières juste avant que les Israélites ne soient sur le point d'entrer dans le pays : Et l'Éternel parla à Moïse, disant : Ordonnez aux enfants d'Israël, et dites-leur : Quand vous entrerez dans le pays de Canaan, ce sera le pays qui vous appartiendra en héritage, le pays de Canaan selon ses frontières. Ainsi, votre côté sud s'étendra du désert de Tsin, près d'Édom, et votre frontière sud commencera à l'extrémité de la mer Salée, vers l'est ; et ta frontière sud ira de la montée d'Akrabbim et passera par Tsin ; ses limites extérieures au sud seront depuis Kadèsh-Barnéa vers Hatsar-Addar, en passant par Azmon ; et ensuite depuis Azmon jusqu'au ruisseau d'Égypte, et finalement aboutira à la mer.

Et pour frontière occidentale, vous aurez la Grande Mer pour frontière ; ce sera votre frontière ouest. (Nombres 34:1-6)


Ainsi les frontières au sud et à l'ouest sont les suivantes.


- Sud : la nature sauvage de Zin (Tsin), qui commence au sud de l'actuel kibboutz Sdé Boker dans le désert du Néguev, où se trouve le tombeau de Ben Gourion ; du sud du lit de la rivière Zin commence le « désert de désolation » (par manque d'eau, il n'y a pas d'établissement humain, et la région n'était utilisé que pour les pistes nomades dans l'antiquité). Au sud-est de Zin se trouve le pays d'Édom : sa frontière avec la Terre d'Israël était la pointe sud de la mer Salée (la mer Morte). L'ascension d'Akkrabim est appelée l'Ascension des Scorpions (voir vidéo), un chemin incroyablement spécial pour gravir le plateau du Néguev depuis la région de la Mer Morte. À l'ouest de Zin, la frontière passait à Kadesh-Barnéa, une oasis située à la frontière entre le Néguev et le Sinaï, près de l'actuelle Nitzana, où les Hébreux ont campé pendant 19 ans. La frontière biblique se poursuivait ensuite vers l'ouest jusqu'au ruisseau d'Égypte : il s'agit d'un lit de rivière allant de Kadesh-Barnéa jusqu'à la mer Méditerranée près d'el-Arish.

La frontière biblique au sud

- Ouest : la frontière est simplement la Grande Mer, la mer Méditerranée


Puis, pour la frontière nord, le récit biblique continue : Et ceci sera votre frontière nord : depuis la Grande Mer, vous tracerez votre ligne jusqu'au mont Hor ; Depuis la montagne de Hor, vous tracerez une ligne jusqu'à l'entrée de Hamath ; et la sortie de la frontière sera à Zedad ; et sa frontière sortira vers Ziphron, et sa sortie sera vers Hatsar-Enan; ce sera votre frontière nord. (Nombres 34 : 7-9). La frontière nord fait débat avec de nombreuses opinions. La première consiste à la marquer le long du fleuve Litani, dans le Liban actuel, car la chaîne de montagnes du sud du Liban et de la Haute Galilée est géographiquement la même, sans frontière naturelle. Puisque toutes les frontières bibliques semblent suivre la géographie naturelle, il est logique d’utiliser les rivières et les montagnes comme frontières. Une autre possibilité est d'englober le Liban jusqu'à la frontière syrienne au nord car la Bible mentionne Hamath qui désigne l'emplacement de sources chaudes : la seule connue au Liban aujourd'hui est Ain Merkebta, au nord de Tripoli, mais il pouvait y en avoir d'autres plus au sud dans l'Antiquité. Mais la Bible parle du mont Hor qui est Jebel Arun, près de Pétra en Jordanie, à la frontière entre Édom et Moab. Cependant, la description biblique ne mentionne pas le Mont Hor comme frontière, mais seulement comme point de référence à partir duquel tracer une ligne allant jusqu'à Hamat (qui pourrait correspondre aux fameuses sources chaudes de Hamat-Gader) et de là commence la frontière nord avec Zedad qui pourrait être Sidon (appelée Zidon en hébreu moderne). Dans ce contexte, la frontière nord ne serait pas tellement différente de ce qu'elle est aujourd'hui, donc approximativement : de Hamat-Gader à Ziphron (peut-être les sources du fleuve Dan) jusqu'à la mer Méditerranée à Sidon. Mais certains érudits placent cette frontière biblique beaucoup plus au nord, pour englober Antioche et une partie de la Syrie.

Frontière biblique nord (estimatif)

Enfin la frontière orientale suit le fleuve Jourdain jusqu'à l'extrémité de la mer Morte : Et vous tracerez votre ligne pour la frontière orientale depuis Hazar-Enan jusqu'à Shepham ; et la frontière descendra depuis Shepham jusqu'à Ribla, à l'est d'Aïn ; et la frontière descendra jusqu'au versant de la mer de Kinnéreth, vers l'est ; et sa frontière descendra jusqu'au Jourdain, et sa sortie aboutira à la mer Salée ; ce sera votre pays selon ses limites tout autour. (Nombres 34:10-12). La mer de Kinnéreth est la mer de Galilée (aussi appelé Lac de Tibériade).


La conquête de Canaan

Josué a conduit les Israélites dans la terre promise, et ils l'ont conquise suite à l'injonction de Dieu : Moïse, mon serviteur est mort ; Maintenant, lève-toi, traverse ce Jourdain, toi et tout ce peuple, vers le pays que je leur donne, aux enfants d'Israël. Tout endroit que foulera la plante de vos pieds, je vous le donne, comme je l'ai dit à Moïse. Depuis le désert jusqu'au Liban et jusqu'au grand fleuve, le fleuve Euphrate, tout le pays des Hittites, et jusqu'à la Grande Mer vers le coucher du soleil, telle sera votre frontière. (Josué 1:2-4)


L'établissement des 12 tribus à l'intérieur de Canaan est bien connu et les hypothèses précédentes dérivent du texte ci-dessus de Nombres 34. Il y avait aussi des terres conquises à l'époque de Moïse par les tribus de Ruben et de Gad, parce que ces tribus n'avaient pas été jugé suffisamment dignes pour s'installer dans la terre promise à la descendance de Jacob.



La Terre d'Israël et le Coran

Le Coran fait écho au récit biblique selon lequel la Terre d’Israël a effectivement été donnée, sans équivoque, par Allah aux Juifs :


Et, lorsque Moïse dit à son peuple : « Ô mon peuple, souvenez-vous de la faveur d'Allah sur vous lorsqu'Il a établi parmi vous des prophètes, vous a établi possesseurs et vous a donné ce qu'Il n'avait donné à personne parmi les mondes. Ô mon peuple, entrez dans la Terre Sainte qu'Allah vous a assignée et ne revenez pas en arrière et devenez ainsi des perdants. (Sourate 5:20-21)


Et nous en avons fait [la Terre Sainte] un héritage pour les enfants d'Israël. (Sourate 26:59)


Nulle part dans le Coran n'est mentionné ni le nom de Jérusalem (ou al-Quds, signifiant la Sainte) ni que la terre accordée par le Coran aux enfants d'Israël soit par la suite transférée aux Musulmans. Dans la Sourate 5 :21, le mot assignée est sans équivoque : il signifie qu'il s'agit d'un décret final, par Allah Lui-même, comme dans 22 autres fois où le même mot est utilisé dans le Coran comme décret final et immuable ! Personne ne peut changer cela. Ainsi, toute revendication musulmane sur cette terre, ou sur Jérusalem en particulier (ville qui existait bien avant la révélation de l'Islam), est une distortion du Coran (confirmé par le Sheikh Ahmad al-Adwan) ! Une telle distortion repose sur des motivations politiques, passée et présente. Mais le problème est le suivant : de nombreux Musulmans ne lisent pas par eux-mêmes leur livre sacré.


Les frontières historiques

Une fois les Israélites installés dans le pays, leurs frontières ont varié au cours de leur histoire, depuis la monarchie unie sous David et Salomon, en passant par leur schisme entre un royaume du nord (Samarie) et le royaume de Judée, jusqu'aux destructions finales opérées par les Assyriens puis les Babyloniens. Seule une province plus petite émergea à l'époque de l'empire perse : la Judée (ou Yéhud). Au cours des années qui suivirent, une monarchie fut à nouveau établie et ses frontières furent encore plus grandes sous le règne du roi Hérode allié de Rome. Mais après sa mort, son royaume fut partagé entre ses fils. En particulier, son royaume comprenait les hauteurs du Golan et certaines parties de la rive orientale du Jourdain, comme l'explique Flavius Josèphe :


Elles [les deux Galilées] sont limitées au sud par la Samarie et Scythopolis, jusqu'au Jourdain ; à l'est avec Hippos [Sussita] et Gadara, et aussi avec Gaulanitis [Hauteurs du Golan], et les frontières du royaume d'[Hérode] Agrippa. (La guerre des Juifs contre Rome, BJ 3:35)


Le Golan fut ainsi donné à Hérode Philippe. La Galilée et la Pérée (un territoire qui fait aujourd'hui partie de la Jordanie actuelle) ont été données à Hérode Antipas. La Judée fut donnée à Hérode Archélaus mais Rome l'exila en l'an 6 de notre ère et annexa la Judée pour en faire une province romaine. Ceci déclencha des troubles et la grande révolte des Juifs. Rome a également extrait dix villes du royaume d'Hérode et avait créé la Décapole, villes païennes (même si beaucoup de Juifs vivaient aussi dans ces villes). Deux de ces villes se trouvent en Israël : Scythopolis (la Beth-Shean biblique, alors capitale de la Décapole) et Hippos-Sussita (au bord des hauteurs du Golan surplombant la mer de Galilée).


Après plus d'un siècle et deux révoltes juives sanglantes mais infructueuses, les Romains ont finalement redessiné les frontières en englobant toute la région dans leur propre empire : la Judée est devenue la Palestine. L'empereur Hadrien décida ainsi d'effacer le nom de Judée (et de Jérusalem) de la mémoire humaine. C’est pourquoi le nom Palestine est resté jusqu’à aujourd’hui. Plus tard, à l'époque de l'empire byzantin (qui était l'empire romain d'Orient christianisé), la Judée devint Palaestina Prima et la région du nord, à partir de la Galilée, devint Palaestina Secunda.

Division de la Terre d'Israël, époque romaine-byzantine

Après la conquête arabe au 7ème siècle de notre ère, la division entre les deux Palaestina est restée à peu près la même : l'ancienne Judée est devenue Filastin, dérivé du nom Palestina (mais en arabe, la lettre P n'existe pas et se traduit par F). Cela dura jusqu’à la fin de l’empire ottoman.

La Terre d'Israël sous les Califats

La Partition

Pendant la Grande Guerre, la France et l'Angleterre s'étaient mises d'accord sur un plan visant à diviser entre elles l'empire ottoman au Moyen-Orient : cet accord secret est devenu connu sous le nom d'accord Sykes-Picot. À la fin de la guerre, l'accord est devenu la base de deux mandats donnés par la Société des Nations (précurseur de l'ONU) en 1922 : le mandat français a reçu ce qui est aujourd'hui le Liban et la Syrie, et le mandat britannique a reçu la "Palestine". L'objectif des nations après la Première Guerre mondiale était de donner l'autonomie aux ethnies locales, pour éviter les immenses empires comme ceux d'avant, ce qui avait causé la guerre à cause des frictions entre pouvoir impérial et ethnies. Avec son mandat, la France a créé le Liban comme une enclave prise sur ce qui faisait autrefois partie de la Syrie sous l'empire ottoman : l'objectif était de donner une certaine autonomie à la population majoritairement chrétienne sur un petit territoire. Quant à la Grande-Bretagne, elle avait mandat sur la "Palestine" pour créer deux États : un pour les Arabes et un pour les Juifs.

Palestine mandataire 1920-1922

Mais la Grande-Bretagne avait d'autres projets car elle avait aussi secrètement promis un royaume hachémite (à la famille Saoud) basé à Damas en signe de gratitude envers les Bédouins car ils avaient aidé les Britanniques à chasser les Turcs de la région (c'était l'épisode de Lawrence d'Arabie). Mais pas de chance : Damas est tombé sous le mandat français... Aussi, la Grande-Bretagne a pris les 2/3 du territoire de son mandat sur la Palestine et a créé le royaume de Transjordanie avec un monarque hachémite (étranger) dirigeant une ethnie locale de "Palestiniens" : cela était contraire au l’esprit qui prévalait après la Première Guerre mondiale de donner l’autonomie aux ethnies locales !

Palestine mandataire après soustraction de la Transjordanie

Cette décision britannique a également créé un problème plus complexe : un État arabe avait été créé mais aucun État juif. Il y a eu alors un malentendu historique selon lequel, puisqu'un large territoire sous mandat avait déjà été attribué aux Arabes dans une proportion de 2/3, le 1/3 restant devrait être attribué à un État juif ! Mais cela ne s’est pas produit et le conflit judéo-arabe commença à émerger. En 1923, la Grande-Bretagne aurait dû créer un État arabe et un État juif, quelles que soient les frontières : l’un n’aurait pas dû être créé sans l’autre. Ce fut une erreur historique, source d'un conflit interminable. La Grande-Bretagne ayant échoué dans son mandat, elle est revenue au sein de l’ONU nouvellement créée et un plan de partition a été proposé en 1947 pour diviser le tiers restant de la Palestine en deux États supplémentaires : un arabe et un juif. Le plan fut voté fin novembre 1947 pour entrer en vigueur six mois plus tard et la Grande-Bretagne annonça son retrait de la région à cette date.


L'État d'Israël

En mai 1948, un jour après le départ du dernier commissaire britannique, l’État d’Israël fut déclaré sur la base du plan de partage approuvé au niveau international. Ceci déclencha la première guerre régionale : cinq États arabes ainsi que la population palestinienne locale d’environ 1,2 million d’habitants ont attaqué de concert le petit État d’Israël et ses 600.000 habitants. Les cinq États arabes sont : l'Égypte, le Liban, la Syrie, la Jordanie et l'Irak. Chose étonnante : à l’exception de l’Égypte, les quatre autres États ont également été créés de toute pièce, comme Israël, à la suite de l’effondrement de l’empire ottoman et des mandats qui en ont résulté sur le Moyen-Orient. L’armée la plus dure était la Légion arabe de Jordanie car elle était entraînée, armée et commandée par des officiers britanniques ! Pourtant, contre toute attente, Israël a prévalu et a gagné cette "guerre d’indépendance" de 1948-1949, même si une partie importante du territoire mandataire a été conquise par la Jordanie qui, de facto, était un envahisseur et donc un occupant. En effet, selon le droit international, si une nation franchit ses frontières reconnues, elle devient un "envahisseur" et tout territoire conquis devient un "territoire occupé". Ce n’est pas différent de l’époque où l’Irak a envahi le Koweït ou de l’époque où la Syrie gouvernait le Liban (par procuration). Pourtant, l’ONU n’a pas demandé à la Jordanie de se retirer derrière ses frontières et la situation est restée ainsi jusqu’en juin 1967. En 1949, Israël a signé des accords de cessez-le-feu avec l’Égypte et la Jordanie, mais le Liban, la Syrie et l’Irak sont restés techniquement "en guerre" (c'est le cas encore aujourd’hui).

Plan de partition de 1947

La Jordanie avait ensuite rebaptisé le territoire conquis en "Cisjordanie" (c'est-à-dire l'autre rive de la Jordanie) et l'avait annexé à son royaume en 1950. Cette annexion illégale fut cependant rejetée par la plupart des pays du monde, à l'exception toutefois de la Grande-Bretagne, de l'Irak et du Pakistan. Israël a continué à utiliser les noms historiques de cette région occupée à savoir "Judée et Samarie" car, de son point de vue, le nom "Cisjordanie" était donné par un occupant et entérinait un projet d'annexion à la Jordanie. La population était majoritairement palestinienne, dont beaucoup étaient des réfugiés de la guerre de 1948-1949 qui n'avaient pas eu la possibilité de se réinstaller dans le royaume jordanien après leur conquête, malgré leur annexion à la Jordanie.


Le cas de Jérusalem est particulier. Dans le plan de partage de l'ONU, la ville sainte ainsi que Bethléem étaient censées tomber sous l'autorité internationale de l'ONU. Comme l'a écrit Simon Sebag Montefiore dans son livre "Jérusalem : La Biographie", c'est la maison d'un Dieu unique, la capitale de deux peuples, le temple de trois religions, et elle est la seule ville à exister deux fois, au ciel et sur Terre. Mais la Jordanie avait envahi la région et conquit la vieille ville de Jérusalem en 1948. Par ailleurs, l’armée jordanienne en expulsa ses résidents juifs qui s’étaient rendus. L'armée jordanienne détruisit ensuite le quartier juif et utilisèrent de la dynamite contre ses anciens lieux de culte juif. Ces actes constituent des violations du droit international (en fait, des crimes de guerre) : prise de contrôle d’un territoire sous juridiction internationale (l’ONU), expulsions de civils (nettoyage ethnique pour vider Jérusalem de sa population juive), destruction de lieux de culte (synagogues, écoles religieuses et propriétés).

Soldat jordanien sur les ruines de la synagogue Hourva tenant un rouleau de Torah

Mais, après 19 ans, le désir de guerre refit surface dans le monde arabe. Dans les mois qui ont précédé juin 1967, l'Égypte était de nouveau belliqueuse envers Israël et a pris deux décisions qui constituaient un casus belli (un cas de guerre) : elle a demandé aux Casques bleus d'évacuer la frontière du Sinaï et elle a bloqué le détroit de Tiran (en Mer Rouge) aux navires israéliens. Israël n'a pas attendu d'être envahi et a alors attaqué l'Égypte en représailles : en peu de temps, ils ont pris la bande de Gaza et toute la péninsule du Sinaï. En parallèle, Israël a envoyé des messages à la Jordanie pour qu’elle ne s’implique pas dans cette guerre, mais le roi Hussein a ignoré leur appel et a attaqué Israël en bombardant les quartiers juifs de Jérusalem-Ouest. Israël a riposté et a repris Jérusalem ainsi que la Judée et la Samarie occupées par la Jordanie depuis 1948.


D’un autre côté, Israël "occupe" un territoire : c’est la zone tampon des terres enlevées au plateau du Golan en 1967, pendant la guerre des Six Jours. Israël a depuis annexé ce territoire en sécurisant sa frontière avec la Syrie. Les raisons en sont que (1) la Syrie n'a jamais voulu signer la paix avec Israël, (2) entre 1948 et 1967, les avant-postes de l'armée syrienne bombardaient les fermes israéliennes au pied du plateau du Golan, créant ainsi une insécurité dans les villages et les fermes dans la vallée en contrebas (c'était la guerre d'attrition). Le plateau du Golan n’est pas une terre fertile, car constituée de roches volcaniques (basalte), mais il a bien sûr une valeur stratégique. Compte tenu de la guerre civile syrienne qui a suivi, c'est une chance pour Israël (et pour le monde) d'avoir conquis cette zone tampon en 1967, sinon Israël aurait été entraîné dans la guerre civile syrienne pour défendre son territoire contre l'armée syrienne, soutenue par le Hezbollah et l’Iran, deux ennemis jurés d’Israël aujourd’hui. Et personne ne sait quelles conséquences dramatiques une telle intervention militaire aurait eu sur la région.


Parce que le Liban, la Syrie et l’Irak ont déclaré la guerre à Israël en 1948 et n’ont jamais signé d’accord de paix depuis, Israël est techniquement en guerre contre ces trois pays, même aujourd’hui. Cela permet à Israël, pour des raisons de sécurité, et comme bon lui semble, de s’engager militairement contre ces trois pays ! Cela s’est produit lors des guerres entre Israël et le Liban, par exemple. Là encore, à moins qu’un règlement pacifique final ne soit trouvé avec ces pays, l’état de guerre perdurera.


Concernant les territoires palestiniens, Israël est souvent présenté comme un "occupant", même si cela n'a aucune base juridique : comme expliqué ci-dessus, pour être un occupant, il faut franchir ses frontières internationalement reconnues. Ainsi, la Jordanie a été occupante dès 1948, et Israël les a repoussés derrière leurs frontières agréées en 1967. Mais Israël, et le peuple palestinien local, ont tous deux le droit de revendiquer une partie de ce qui reste du tiers du mandat britannique (cela inclut Israël actuel, la bande de Gaza, la Judée et la Samarie). Ces territoires ne sont donc "occupés" ni par des Juifs ni par des Arabes, mais ils restent très "contestés" : seul un accord de paix final pourrait résoudre le problème. Les accords d'Oslo ont constitué un premier pas vers un tel accord dans les années 1990. Mais la guerre civile entre les deux principales factions palestiniennes (Hamas et Fatah) et le rejet par le Hamas des accords d'Oslo ont bloqué la feuille de route vers la paix. Et c’est là où nous en sommes encore aujourd’hui. Puisse l’avenir apporter une heureuse conclusion à cette longue dispute.


Albert Benhamou

Guide touristique francophone en Israël

Octobre 2023




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